Tout d’abord, la CFDT-MAE souhaite remercier chaleureusement la soixantaine d’agents1 – représentant un quart des agents nouvellement affectés sur le site de Spallis – qui ont participé à notre enquête afin de mieux connaître la perception des personnels sur leurs nouveaux espaces de travail, leur nouvel environnement professionnel et leurs nouvelles conditions de travail ainsi que pour évaluer, très concrètement, l’impact de ce déménagement sur leurs finances et leurs vies personnelles et familiales.
Un jeu de chaises musicales sur 3 sites
Ce déménagement, qui concernait 245 agents de la DIL, de la DCSD, de la DSE, de la MAI et une toute petite partie de la DGAM, implantés principalement sur le site des Invalides mais aussi sur le site de Convention, s’inscrit dans le cadre du projet d’extension et de réhabilitation/rénovation de l’aile des archives (ERA) du Quai d’Orsay dont le lancement du chantier a eu le 22 septembre dernier. Après une phase de préparation, les travaux commenceront au début 2026 et dureront jusqu’en 2029 pour un coût d’au moins 91 M€.
Le démarrage de ces importants travaux au Quai d’Orsay sur un site occupé nécessitait la libération des espaces de travail des directions géographiques installés au QO (ANMO, DUE, EUC et ASIE). Ainsi, 280 agents ont déjà ou vont prochainement déménager du site du Quai d’Orsay vers le site des Invalides, l’administration ayant fait le choix de déplacer les collègues du QO, non pas sur le nouveau site à Saint-Denis mais sur le site INV, afin que les services concernés restent à proximité du Ministre.
Mais revenons à l’enquête…
Sommaire de l’enquête
- Des répondants aux profils variés
- Des temps de transport en nette augmentation
- Des aménagements d’horaire satisfaisants
- Un bilan du télétravail en trompe-l’œil
- Des installations adaptées et de bonnes infrastructures
- Une cantine et une salle de sport appréciées
- Le bruit et la confidentialité restent problématiques
- Un quartier contrasté qui ne fait pas l’unanimité
- Des conditions de travail correctes mais un tiers des agents envisagent de partir
- Un impact plutôt négatif sur la vie des agents
- L’absence de prime reste préjudiciable
Des répondants aux profils variés
- 55 % sont des femmes et 45 % d’hommes ;
- 73 % sont des titulaires, 23 % des contractuels, 4 % sont des apprentis ou détachés sur contrat ;
- 45 % sont des agents de catégorie A, 28 % sont de catégorie B et 27 % de catégorie C.
Des temps de transport en nette augmentation et une offre pas toujours adaptée
Si les trois quarts des agents répondent utiliser uniquement les transports en commun, un quart d’entre eux se déplacent en voiture, en deux roues (vélo, scooter ou moto) ou un mode de transport mixte. Si 70% considèrent que les options de transport sont satisfaisantes, presque un agent sur trois, cependant, rencontre des difficultés et estime que l’offre de transport est insatisfaisante ou à améliorer.
En moyenne, le temps de transport aller-retour du domicile au travail a été augmenté d’environ 30 minutes par agent, avec toutefois des disparités assez prononcées puisque plus de la moitié des agents délocalisés font état d’une augmentation de la durée supérieure à 30 minutes et même d’une durée de trajet – en hausse de 60 à 90 minutes – pour un agent sur cinq. Toutefois, on note, dans les faits, une grande variabilité de situation puisque 10% des agents voient leur temps de trajet diminué.
Dans ce contexte, la mise en œuvre par la DRH de la mesure crédit-temps de 30 minutes par jour a été la bienvenue. Toutefois, il semblerait que seuls 84% des agents en bénéficiaient au moment de l’enquête (octobre).
Des aménagements d’horaire satisfaisants mais la charte du temps n’est pas respectée dans certains services
L’administration s’était engagée à sensibiliser les managers à la flexibilité horaires (la plage horaire autorisée court de 6h à 22h), afin de permettre aux agents d’éviter les heures d’affluence dans les transports en commun, et d’encourager de la souplesse pour le recours au télétravail.
Dans les faits, les aménagements d’horaire sont considérés comme satisfaisants pour 88 % des sondés et même 84% d’entre eux jugent leurs horaires de travail plutôt ou tout à fait compatibles avec leurs contraintes personnelles et familiales. Néanmoins, il est à noter que plusieurs collègues relèvent que la Charte du temps n’est pas respectée dans leur service !
Un bilan du télétravail en trompe-l’œil
Si 90% des agents bénéficient, au moins, d’une journée de télétravail et même, pour la moitié des agents concernés, de deux journées ; ils ne sont toutefois que 14% des agents à pouvoir le faire trois jours par semaine alors que, dans le même temps, un tiers des agents souhaiteraient être autorisés à télétravailler trois journées.
Par ailleurs, près d’un tiers des agents déclarent rencontrer des difficultés relatives au télétravail et notamment :
– des réticences du service ou de la hiérarchie à accorder du télétravail ;
– des préjugés : « télétravailler c’est musarder » ;
– une interdiction de demander plus d’un jour de télétravail ;
– des discours contradictoires : le télétravail est possible mais fortement déconseillé ;
– une non-prise en compte des contraintes personnelles et du temps de trajet augmenté…
Ces discours et pratiques vont pourtant à l’encontre de la Charte du temps qui encourage l’exemplarité des encadrants qui « doivent incarner, par leurs comportements, l’esprit d’équipe, le respect, les qualités d’écoute, de réalisme et de professionnalisme qu’ils souhaitent inspirer à leurs collaborateurs. ». De surcroit, les personnels encadrants sont appelés à « faciliter par leurs pratiques l’équilibre de vie et le bien-être au travail » ainsi qu’à « prendre en compte les particularités de chacun tout en veillant à la cohésion d’équipe ».
Pour la CFDT-MAE, il est important que la Charte du temps soit parfaitement respectée, au sein des services délocalisés sur le site de Spallis, et que le management soit à nouveau sensibilisé à l’indispensable prise en compte des besoins individuels des agents, contraints de déménager vers ce nouveau site, et autorise le plus largement possible le recours au télétravail.
Des installations adaptées et de bonnes infrastructures
Autre point positif : les trois quarts des agents se déclarent satisfaits ou très satisfaits des infrastructures mis à leur disposition et des nouvelles installations sur le site de Spallis. De même, les répondants jugent satisfaits ou très satisfaits la qualité de l’équipement informatique et du mobilier ainsi que des espaces collaboratifs et de la luminosité des bureaux (à 84% pour chaque item).
Une cantine appréciée même si presque un agent sur deux a vu son tarif augmenter
De même, le taux de satisfaction des agents est également élevé concernant la qualité des plats servis à la cantine (à 91% dont 71,5% se déclarent très satisfaits) et plus des deux tiers des agents estiment que les espaces de restauration sont agréables et que la cantine est d’un bon rapport qualité/prix, même si elle s’accompagne d’une augmentation de tarif pour 42% d’entre eux. Toutefois, 40 % des personnels remarquent qu’il n’y a pas assez de distributeurs automatiques de snacks et de boissons.
Enfin, près des deux tiers des agents sondés émettent un avis favorable sur la salle de sport.
Le bruit et la confidentialité des échanges restent des facteurs problématiques sur les plateaux du nouveau site
En effet, si les infrastructures et les nouvelles installations sur le site de Spallis sont globalement appréciés par les agents, un grand nombre de personnels mettent toutefois en avant le manque de confidentialité (bulles pour les échanges pas très conviviales et trop transparentes) et surtout déplorent le bruit (40%) ainsi que la difficulté à passer ou à recevoir des appels professionnels depuis les postes de travail (l’utilisation des « bulles » est possible mais il faut alors déplacer tous ses outils professionnels : Itinéo, dossiers, etc..)
En outre, certains lieux de passages demeurent trop exigus et la circulation des agents dans ce contexte peut déranger des collègues à leur poste de travail. Cette pollution sonore et parfois visuelle est source de déconcentration, d’autant plus que certains agents sont quelquefois gênés par la présence de broyeuses plus ou moins éloignées des espaces de travail.
De surcroît, près de 40% des agents interrogés évoquent également des problèmes de confort thermique qui pourraient être liés à des dysfonctionnements de la climatisation et du chauffage.
Par ailleurs, en octobre, lors de la réalisation de l’enquête, des agents nous ont signalé que les salles de réunion n’étaient pas encore équipées de PC non éolisés permettant des visioconférences avec des participants externes au MEAE.
Les agents affectés sur le site Spallis souhaiteraient, par ailleurs, que soient mis en place des bureaux de passage sur les autres sites du parisiens afin de pouvoir limiter les allers-retours vers Saint-Denis en cas de réunion ou de rendez-vous à Convention ou sur le site des Invalides par exemple.
Alternativement, ils sont nombreux à souhaiter qu’on leur offre la possibilité de participer aux réunions à distance.
Un quartier contrasté qui ne fait pas l’unanimité
D’une manière générale, les avis sont contrastés concernant l’existence d’espaces verts autour du site (sans avis particulier à 39%) et de services de proximité (sans avis particulier à 55%) avec néanmoins plus d’un quart des agents qui déclarent souffrir d’un manque d’espaces verts et près d’un tiers qui estiment que le quartier dans lequel est situé le site Spallis ne propose que trop peu de services (crèches, commerces…)
De bonnes conditions de travail mais un tiers des agents souhaitent tout de même partir
Bien que les agents soient généralement tout à fait ou plutôt satisfaits de leurs nouvelles conditions de travail à Spallis (à 75%), cette appréciation positive est largement tempérée par le fait que seulement la moitié les répondants souhaitent y rester et près d’un tiers d’entre eux envisagent même, dès que possible, de changer de site et/ou d’employeur.
Le changement de site a eu un impact plutôt négatif sur les agents
37% des agents nouvellement affectés à Spallis considèrent que le changement de site a eu un impact négatif ou très négatif sur leur vie personnelle et familiale contre seulement 12% qui estiment que cette délocalisation a été positive. Cela confirme le manque de consultation et de concertation, à la fois des personnels et de leurs représentants, pour le choix du nouveau site que nous dénoncions lors de précédentes interventions.
Dans la majorité des cas, ces contraintes sont dues à la fatigue et au stress dans les transports et à l’allongement des temps de trajet domicile-travail (60%) mais également au manque de temps et aux difficultés rencontrées pour accomplir les tâches et les activités habituelles dans la sphère personnelle et familiale (27%). Ces situations problématiques pourraient être améliorées par une prise en compte accrue des besoins de nos collègues en matière d’aménagements d’horaire et surtout par l’attribution de journées supplémentaires de télétravail.
L’absence de prime reste préjudiciable et est mal vécue par les agents
Enfin, une autre demande qui apparaît dans les réponses transmises par les agents ayant rempli le questionnaire concerne le versement d’une prime qui permettrait de compenser les aspects négatifs du changement de site pour les personnels.
Certes, il est vrai que l’administration ne s’était engagée, lors d’une réunion du 16 décembre 2024 avec les organisations syndicales, qu’à explorer les différentes pistes réglementaires possibles en ce domaine et notamment celle, prometteuse, de la prime de restructuration, mais son absence est mal perçue par les collègues affectés récemment à Saint-Denis. Ainsi, nonobstant les difficultés réglementaires et budgétaires pour parvenir à verser une prime aux personnels concernés, la CFDT-MAE invite l’administration à rechercher une autre voie de compensation financière comme celle, par exemple, de l’attribution d’une prime exceptionnelle ou bien d’un complément de CIA.
- 60 réponses dont 57 exploitables ↩︎



















