On aurait pu croire que le ministère des Affaires étrangères, instruit au quotidien de l’actualité qui lui est rapportée par nos 160 ambassades et nos 90 consulats, avait à cœur de protéger ses agents de la pandémie qui frappe un peu partout. Il n’en est rien.
Depuis plusieurs mois, les services centraux concernés se sont en effet bornés à rappeler aux postes les évidences des gestes barrières, à recenser les dispositifs de plans de continuité mis en place, à dresser la cartographie des politiques vaccinales dans chaque pays. Rien de plus. Dernièrement, les agents de plus de 50 ans ou présentant des comorbidités ont été invités à se signaler, selon leur statut, soit à la médecine de prévention du ministère, soit au médecin référent du poste. Ce constat est désastreux.
Il n’est pourtant pas nécessaire d’être épidémiologiste pour constater que ce choix délibéré d’inaction concrète expose directement les agents. C’est le cas, parmi tant d’autres, de ceux exerçant des fonctions de représentation, de soutien logistique, des responsabilités consulaires, des missions régionales, etc. Exposés aux transports, aux fournisseurs, au public (gestion des urgences de tous ordres, mais aussi des élections des conseillers des Français de l’étranger qui ont été maintenues pour fin mai dans l’ensemble du réseau), et dont le sort est abandonné au bon vouloir de la politique vaccinale du pays dans lequel ils exercent. On a même recensé des cas d’agents envoyés en mission de renfort à l’étranger et non vaccinés.
Comment, dans ces conditions, les agents du ministère peuvent-ils assurer leurs missions de soutien, de représentation, de diffusion et de protection des communautés françaises s’ils ne sont pas eux-mêmes protégés du fait de l’inaction de leur propre hiérarchie centrale ? Face à cette absence de responsabilité et devant l’extrême gravité de la crise et le vraisemblable prochain durcissement des conditions de mobilité, la CFDT-MAE demande que soit mis en place sans délai :
- soit une politique massive (et prise en charge) de très bref retour des agents en Centrale aux fins de vaccination (sur la base du volontariat) ;
- soit l’adressage des vaccins nécessaires aux postes, à charge pour ces derniers d’en organiser l’administration (sur la base du volontariat) ;
- soit de constituer des plateformes régionales de vaccination (sur la base du volontariat) dans nos DOM-TOM ou au sein de pays amis voisins (où nous disposons par ailleurs de postes diplomatiques ou consulaires).
Certains États rapatrient leurs agents, d’autres les vaccinent sur place. Le nôtre leur adresse des formulaires ! Il est inconcevable que, depuis Paris, le ministère ne sache faire pour ses agents ce que, tous corps et statuts confondus, ces mêmes agents ont su faire – et continuent de faire – au bénéfice de nos communautés françaises expatriées depuis les premiers jours de la crise sanitaire./.