Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les Directrices et Directeurs,
Chers collègues,
Vœux de la Ministre
Madame la Ministre, je vous remercie de vos bons vœux et, à mon tour, au nom de la CFDT-MAE, je vous prie de bien vouloir recevoir les nôtres en cette nouvelle année 2023.
- Maintenir un haut niveau de compétences au MEAE
La 1ère richesse de notre ministère ce sont d’abord tous nos collègues qui, à l’administration centrale comme au sein des réseaux diplomatique, consulaire, culturel et de coopération font vivre cette diplomatie moderne qualifiée d’agile et qui allie réflexion, efficacité et pragmatisme.
Et quand nous parlons de diplomatie, nous pensons à l’ensemble des personnels du ministère des affaires étrangères, tous statuts et toutes catégories confondus, qui concourent dans toutes les filières à l’action extérieure de la France et au bon fonctionnement de notre outil.
- Les états généraux de la diplomatie
Négocier, informer, représenter notre pays et protéger les communautés françaises à l’étranger sont des missions qui doivent être mises en œuvre par des diplomates formés et expérimentés au service de notre influence, de notre attractivité et de nos intérêts en Europe et dans le monde.
A l’heure où certains estiment que les emplois du MEAE – en particulier ceux exercés à l’étranger – sont accessibles à tous, sans expérience, sans formation ni même compétences particulières, il est bon que les états généraux soulignent les spécificités de nos métiers et de nos parcours et démontre ainsi tout le contraire.
Nous considérons que les conclusions des travaux menés devront être inclusives et prendre en compte les interrogations et les revendications légitimes des collègues MP, CAE et SAE sur leurs métiers et le déroulé de leur carrière, la reconnaissance et la valorisation des parcours des agents des corps de chancellerie C et B, des ASIC et des SESIC, des contractuels de droit public, et le rôle et l’évolution professionnelle des plus de 8 000 recrutés locaux qui constituent la moitié du personnel du ministère et la majorité des effectifs à l’étranger.
Le ministère a besoin d’inclusion et d’un projet collectif
Le ministère a besoin d’inclusion et d’un projet collectif porteur de cohésion social et de bien-être au travail. Bref, redéfinir le sens de son action et permettre à chacun, quel que soit son statut et son grade, de trouver sa place au sein de notre belle maison, de s’y sentir valorisé et de pouvoir y développer une trajectoire professionnelle individuelle au bénéfice de tous.
- La mise en valeur de l’action collective
Le travail diplomatique s’appuie sur l’action collective. Pendant la crise de la Covid, les Français bloqués ou en difficulté ont cherché de l’aide et un soutien naturel auprès de leurs ambassades et consulats. Malgré des moyens limités et des effectifs extrêmement réduits, l’engagement et la détermination des agents ont permis le rapatriement de centaines de milliers de nos compatriotes. Cela n’aurait pu se faire sans la mobilisation de tous.
- Disposer d’un service public de proximité de qualité
L’unique effet bénéfique de la crise sanitaire aura été la démonstration, en France comme à travers le monde, de l’absolue nécessité de pouvoir disposer d’un service public de proximité de qualité, notamment consulaire, qui doit bénéficier de ressources humaines et matérielles à la hauteur des enjeux et des contextes locaux.
A l’étranger, un maillage cohérent des réseaux de l’Etat – en situation de répondre aux attentes des communautés françaises comme aux sollicitations des ressortissants de passage – doit permettre le maintien des liens naturels avec la France.
Le principe de l’universalité de la présence française à l’étranger, maintes fois affirmé par les pouvoirs publics, ne trouvera tout son sens que s’il contribue au bien-être des 2 millions et demi de citoyens français expatriés.
« Réarmer » le ministère
Nous saluons, bien évidemment, le renforcement de nos moyens budgétaires et la création nette de 106 ETP sous plafond d’emplois en 2023, dans un contexte où cela n’avait pas été fait depuis 30 ans. Néanmoins, cette hausse demeure bien modeste au regard des besoins recensés à l’échelle du ministère et de son réseau. La diminution drastique du nombre d’ETP, de l’ordre de 30% ces 20 dernières années, en particulier dans les fonctions consulaires, au sein des SGA et des fonctions supports des chancelleries diplomatiques, constituent des économies qui coûtent cher et qui sont faites au détriment de la santé des agents.
La tendance est inversée, c’est un 1er pas qu’il conviendra d’amplifier et les conclusions des états généraux, d’ailleurs, ne trouveront tout leur sens que s’ils s’inscrivent dans une trajectoire pérenne et positive des effectifs du ministère.
- Redonner des perspectives et le sens du travail à tous les collègues composant notre communauté de travail
Parmi l’ensemble de nos propositions, nous souhaitons en rappeler 7 qu’il nous semble important de mettre en avant dans le cadre de cette rencontre :
- Appliquer le statut particulier des agents diplomatiques et consulaires aux agents de catégorie C
La CFDT réitère sa demande d’intégrer, au sein du statut particulier des agents diplomatiques et consulaires, les agents de catégorie C du Ministère qui doivent être enfin reconnus pour les fonctions et les responsabilités qu’ils exercent bien supérieures à celles habituellement confiées à des fonctionnaires de catégorie C. A l’étranger, ces personnels consulaires, administratifs et techniques sont mentionnés à plusieurs reprises dans les Conventions de Vienne qui leur reconnaissent un certain nombre de privilèges et d’immunité. Cette mesure est réglementairement envisageable, financièrement neutre et ne remettrait pas en cause les règles interministérielles qui régissent leurs corps.
- Fluidifier les parcours professionnels des agents
Nous estimons que le nombre de postes ouverts à la promotion de corps en interne doit être augmenté. A titre d’exemple, pour les concours de secrétaire des affaires étrangères, depuis plusieurs années, le nombre de postes offerts est moitié moindre aux concours internes qu’aux concours externes. Cela envoie un message négatif aux agents sur leurs opportunités d’évolution au sein de ce ministère et prive le Département d’agents qui seraient montés en compétence au fur et à mesure de leur carrière.
Ouverture d’un examen professionnel pour les adjoints de chancellerie
De même, la CFDT revendique l’ouverture d’un examen professionnel pour les adjoints de chancellerie, comme il en existe déjà pour les agents des catégories A et B. A côté de l’avancement au choix, cela permettrait aux collègues C d’accéder au grade supérieur par le biais d’épreuves à caractère professionnel qui valoriseraient ainsi la technicité et l’expertise acquises dans l’exercice de leurs fonctions.
- Le diable se cache dans les détails des lignes directrices de gestion
Les lignes directrices de gestion ministérielles de mobilité (LDG) actuelles, aux contours imprécis et non engageants, sur lesquelles, à l’unanimité, les organisations syndicales (OS) ont rendu un avis défavorable en 2019 et 2020, peinent à convaincre et à jouer pleinement leurs rôles. Dans la continuité de l’exercice de prospectives et de réflexion collective des états généraux, la CFDT-MAE plaide pour une réécriture de ces lignes, en s’appuyant sur des critères précis et opposables à tous, en lui accordant une légitimité qu’elles ne possèdent pas actuellement.
En ce qui concerne plus particulièrement les agents de catégories A et A+, ces lignes directrices de gestion viendront compléter et préciser les lignes directrices de gestion interministérielles (LDGI) afin de garantir notamment un niveau optimal de durée des affectations, définir les prérequis et les modalités de celles-ci, préciser les diverses formes de mobilités et leur valorisation dans la carrière des agents et formaliser les garanties de retour au ministère.
- Faciliter l’expatriation notamment familiale
La grande enquête sur les frais d’écolage, réalisée récemment par la CFDT auprès de plusieurs centaines de collègues, a mis en exergue l’inégalité et les incohérences du dispositif actuel des majorations familiales. La CFDT a proposé des pistes à explorer pour le rendre plus lisible et plus juste, favorisant ainsi l’expatriation en famille.
- Mener à terme la réforme des réseaux de l’Etat à l’étranger
Quatre ans après la mise en œuvre de la réforme des réseaux de l’Etat à l’étranger, le transfert des postes de travail n’est toujours pas une réalité.
Les SGA au périmètre élargi ne bénéficient toujours pas de moyens humains supplémentaires
Dans les faits, souvent, les chefs de poste n’ont pas pu ou pas su imposer les transferts de personnels, pourtant actés budgétairement, aux chefs de service des autres administrations. On constate, dans de nombreux postes, que les ETP transférés sur le P105 qui auraient dû bénéficier, en priorité, aux SGA, continuent toujours de travailler, tout ou partie, pour leurs ministères d’origine. Pire, dans bien des cas, ils n’ont absolument pas changé physiquement de bureaux et sont toujours rattachés fonctionnellement, dans les organigrammes des postes, à leurs anciens services.
Il existe là un moyen de renforcer les équipes des SGA.
- Réduire le nombre d’agents en CDD exposés à une précarité injustifiée
La CFDT soutient que ce ministère entretient trop de précarité et n’explore pas tous les moyens possibles de la réduire. Après avoir été formés et avoir exercé leurs fonctions souvent avec talent, leurs contrats ne sont pas renouvelés au bout de 4 ou 5 ans. Nous ne comprenons pas la poursuite de cette politique alors même que les besoins sont pérennes, que ces agents sont immédiatement remplacés par de nouveaux contractuels qui doivent être à leur tour formés par leurs collègues. Il y a là un choix qui nous semble peu pertinent et peu profitable au Département.
- Négocier un accord-cadre majoritaire à valeur juridique contraignante qui définirait un socle de droits pour nos collègues ADL
La CFDT considère que les recrutés locaux doivent pouvoir bénéficier de véritables parcours professionnels, d’une rémunération décente et d’une protection sociale durable (santé, retraite, chômage). Nous souhaitons que cet accord affirme les principes fondamentaux de la relation de travail, qu’elle définisse un socle de garanties et prévoie une harmonisation des rémunérations et des conditions de travail entre les agents du réseau diplomatique et consulaire et ceux des EAF.
Accord-cadre sur le télétravail
La CFDT-MAE rappelle l’accord négocié sur le télétravail qu’elle a signé le 9 novembre dernier, et souligne, Madame la Ministre, qu’elle est favorable à ce qu’il y ait plus d’accords négociés à l’avenir entre l’administration et les organisations syndicales représentatives.
Mobilisation de la CFDT sur la réforme des retraites
Enfin, dans l’attente de l’annonce gouvernementale qui devrait avoir lieu demain, la CFDT-MAE rappelle sa détermination à s’opposer à tout relèvement de l’âge légal de départ à la retraite.
Au nom de la CFDT-MAE, je vous remercie./.