L’administration ayant tenté de passer en force et en urgence trois arrêtés visant à raboter les indemnités de résidence à l’étranger des agents de catégorie A et B ), la CFDT a interpellé le ministre à ce sujet lors du comité technique ministériel (CTM) du 16 mai dernier pour regretter que le dialogue social ait été totalement zappé.
Ces trois projets d’arrêtés ont été rejetés à l’unanimité des 20 représentants titulaires au CTM et l’administration a reçu instruction du ministre d’organiser une concertation autour de ces textes, laissant espérer une possible négociation. Le premier round s’est tenu le lundi 27 mai. L’administration rappelle les circonstances qui l’amènent à raboter la masse salariale : des agents ont utilisé leur compte-épargne-temps à l’étranger, des pécules plus nombreux ont été versés aux recrutés locaux lors de leur départ en retraite, des postes redéployés de la zone C vers les zones B et A sont devenus plus coûteux.
Les militaires siphonnent la masse salariale des diplomates !
Mais le plus gros dépassement est constitué par les coopérants militaires : les paies sont liquidées par le ministère de la défense sur les crédits du MAE et sans aucun contrôle, même a posteriori ! Or l’énorme erreur du logiciel Louvois a créé un trop perçu (agents « payés double » !) dont on ne connait pas l’ampleur. Le MAE ne réglera pas cette dette et a demandé au Ministère de la défense de prendre des mesures (différé des relèves en poste, rabotage de ses tableaux de vocation, etc.). L’administration indique qu’il faut économiser 2,3 M€ dès 2013 mais aussi les années suivantes pour un montant identique, que sur ce point, un accord a été passé avec la direction du budget et qu’il ne sera pas possible d’y déroger.
Où couper dans le vif sans faire trop mal ?
Outre la suppression de la prime de performance individuelle (PPI) pour les chefs de service à l’étranger [suppression réclamée et obtenue par la CFDT, ndr], il est prévu de ne verser que la moitié de la prime de performance des ambassadeurs, alimentée par un prélèvement de 2% sur leurs IR. Ce montant ne sera versé qu’en janvier 2014 pour alléger 2013 [en langage comptable, ça s’appelle de la cavalerie, non ? ndr], l’autre moitié étant destinée à combler le déficit de la masse salariale 2013. Les syndicats sont étonnés par cette déclaration car ils avaient cru entendre, au CTM, que cette prime était remise en cause en totalité. Ils font remarquer que sa suppression, plus celle de la PPI, permettrait de trouver à peu de chose près ce qui manque pour boucler le budget 2013 et ne pas toucher, dans l’immédiat, aux tableaux de vocation.S’agissant du nouveau tableau de vocation des secrétaires de chancellerie (SCH), la concession octroyée par l’administration est minime : un tiers des agents serait épargné. Comme nous l’avions fait remarquer au ministre le 16 mai, les SCH sont loin de faire partie des « catégories les plus favorisées du MAE ».
Il s’agit là pour nous d’une ligne rouge.
Nous prenons des nouvelles des tableaux de vocation des secrétaires des AE et des conseillers des AE (l’administration ne compte pas bouger) et du nouveau calcul des IR des contractuels qui semble se préparer dans la plus grande opacité (on nous promet des chiffres). Enfin nous soulignons le fort risque de contentieux si la DRH s’obstine à vouloir appliquer le rabotage dès le mouvement de cet été.L’administration communique quelques chiffres et promet de nous adresser rapidement les éléments précis que la CFDT a réclamés sur la répartition des crédits au sein de la masse salariale, sur le coût des contrats de droit privé pour les agents de nos nombreux cabinets ministériels ainsi que le coût de leurs indemnités de chômage, qui se chiffreraient par centaines de milliers d’euros…Le rabotage des tableaux de vocation devrait « rapporter » 2,4 M€ en année pleine : 1, 6 M? pour les agents de catégorie A et 0,5 M€ pour les SCH. En revanche les économies réalisées sur le dos de nos collègues contractuels à l’étranger seront minces, quelques dizaines de milliers d’euros par an.La CFDT déplore que l’administration ne fasse aucune proposition sérieuse. La fiche transmise aux syndicats pour préparer cette réunion évoque « des mesures d’économies alternatives » au rabotage des tableaux de vocation, telles que « des suppressions d’effectifs additionnelles » (!), « une baisse uniforme de l’IR » [proposition de la direction du budget, ndr], ou « une ponction supplémentaire du retour catégoriel » qui viserait les volontaires internationaux et les recrutés locaux ! La DRH conclue qu’elle n’est « favorable à aucune de ces mesures alternatives » (CQFD). La CFDT déclare qu’elle attend de pied ferme les éléments chiffrés demandés et qu’elle fera des propositions de mesures d’économie alternatives d’ici la prochaine réunion, prévue ce vendredi.