A la suite de sa 1ère intervention au CSAC du 5 novembre 2025 portant sur le régime indemnitaire des agents à l’administration centrale, la CFDT-MAE a souhaité revenir sur cette question essentielle, lors d’une seconde prise de parole, en choisissant de mettre l’accent sur l’évolution des primes versées entre les différentes catégories d’agents.
Les indemnités de fonctions, de sujétions et d’expertise (primes mensuelles IFSE)
En effet, s’agissant des primes mensuelles (IFSE), la CFDT-MAE a souhaité alerter l’administration, en séance, sur le fossé qui s’est creusé depuis une dizaine d’années entre les différentes catégories de personnels .
- Le fossé entre catégories d’agents s’est creusé depuis 2016
Bien entendu, il n’est pas question pour notre syndicat de remettre en cause le régime indemnitaire actuel de telle ou telle catégorie d’agents du Ministère, qu’il convient notamment de maintenir corrélé avec le degré d’exposition hiérarchique et les responsabilités exercées, mais bien de signaler avec force à l’administration l’écart grandissant qui s’est creusé entre les catégories d’agents pour l’attribution des primes mensuelles IFSE.
- Un décrochage qui s’est accentué entre les collègues A et A+
Aujourd’hui, en catégorie A, l’écart de primes entre un secrétaire des affaires étrangères (SAE) et un administrateur de l’État du 1er grade (AE) en début de carrière, affectés sur un même poste de rédacteur politique, atteint 1 270 euros bruts par mois. Cette différence de rémunération défavorable aux SAE a donc plus que doublé en 10 ans puisqu’elle n’était que de 555 euros en 2016 entre la rémunération indemnitaire d’un SAE et celle d’un conseiller des affaires étrangères (CAE) !
- Durant la même période, les écarts comparatifs entre les agents des catégories A, B et C se sont renforcés
Ainsi, l’écart qui existait de 400 euros environ entre un secrétaire de chancellerie du grade de base et un secrétaire des affaires étrangères, en début de carrière, affectés sur un emploi de rédacteur budgétaire ou thématique s’est encore renforcé de près de 25% entre 2016 et 2025 pour un montant d’environ 100 euros en moyenne.
Ce décalage ne fait que s’agrandir pour les agents plus expérimentés exerçant les fonctions de chef de secteur et de chefs de bureau.
De même, la différence de 200 à 250 euros environ qui était relevée en 2016 entre un adjoint de chancellerie de 1ère classe (reclassé en adjoint principal de 2ème classe de chancellerie après la réforme PPCR de 2017), en début de carrière, occupant un emploi de gestionnaire et son alter ego secrétaire de chancellerie de classe normale a encore augmenté de +1% entre les groupes les plus bas de prime des deux catégories d’agents et de +7% entre les deux groupes immédiatement supérieurs.
En séance, l’administration n’a pas démenti ce constat étayé et précis de la CFDT-MAE.
La CFDT-MAE invite donc l’administration, compte tenu de ce bilan particulièrement révélateur, à mettre en place avec les organisations syndicales représentatives un groupe de travail interne au MEAE pour faire disparaître les écarts de rémunération injustifiés entre catégories de personnels.
Le complément indemnitaire annuel (CIA)
En préambule de son intervention sur le CIA, la CFDT-MAE a tenu à remercier les collègues du bureau de l’animation du dialogue social pour les informations complémentaires apportées au tableau transmis aux organisations syndicales sur la question des montants maximaux accordés dans chaque service en 2025.
- Un tableau des primes versées en 2025 peu satisfaisant
Toutefois, notre organisation a signalé que ce tableau ne répondait que très partiellement à la demande des représentants du personnel telle qu’elle apparaissait dans le document de suivi des propositions du CSAC. En effet, le tableau ne présente que les fourchettes de modulation, sans données de répartition, alors que la CFDT-MAE s’attendait à y trouver les montants moyens de CIA perçus par les femmes et les hommes, par catégorie et par service, nécessaires pour vérifier l’égalité de traitement des agents et déclinés selon la répartition entre les différentes modulations : basse, moyenne, haute ou très haute.
Car ce sont bien ces données qui permettent de mesurer l’équité réelle du dispositif, et non les seuls montants minimums ou maximums attribués.
L’administration a pris bonne note de la demande de modifications du tableau exprimée par plusieurs organisations syndicales.
La CFDT-MAE attend donc avec impatience la transmission de ce tableau révisé. A cet égard, notre organisation s’interroge sur l’omission de la déclinaison des montants de CIA 2025 en fonction de la modulation accordée, alors que cette donnée existait déjà, par exemple, dans le tableau présenté aux OS au CSAM de décembre 2024.
- Un agent C perçoit en moyenne une prime annuelle 3 fois moindre que son collègue de catégorie A
Comme le montre encore les données de la campagne 2025 concernant l’attribution de la prime annuelle (CIA), censée récompenser le mérite des agents en termes d’engagement professionnel, de manière de servir et d’atteinte des objectifs, un agent de catégorie C, en moyenne, perçoit chaque année une somme trois fois moins élevée que celle de son collègue de catégorie A.
Évidemment, il n’est pas question pour notre syndicat de remettre en cause le régime indemnitaire actuel des agents A, qu’il convient au contraire de revaloriser notamment pour combler le décrochage constaté ces dernières années avec leurs collègues A+, ni même d’ignorer que le degré d’exposition hiérarchique et les responsabilités peuvent varier en fonction des postes occupés et donc in fine de la catégorie à laquelle appartiennent les agents, mais simplement de dénoncer le caractère totalement disproportionné et inique de cette situation.
D’ailleurs, ce ratio de primes de 1 à 3, déjà profondément injuste et déséquilibré, est très largement dépassé lorsque l’on compare les primes annuelles versées en moyenne aux adjoints de chancellerie avec celles octroyées aux agents A et A+ occupant des emplois dits supérieurs (appelés autrefois emplois fonctionnels), comme le montre également le tableau de la fiche transmise aux organisations syndicales.
La nouvelle bonification indiciaire (NBI)
Enfin, même si la fiche de travail n’en fait pas état, la CFDT-MAE a souhaité également revenir sur la cartographie des NBI dont notre syndicat estime qu’il est grand temps de pouvoir la réviser comme nous l’avions indiqué dans notre intervention au CSAM de décembre 2024, le dernier arrêté modificatif de répartition des NBI datant du 5 mai 2011. Le Département a-t-il un projet en ce sens ?
Malgré une réponse positive à notre question, l’administration a fait savoir, compte tenu des difficultés budgétaires actuelles, que cet exercice se ferait à périmètre constant et, par conséquent, sans augmentation possible du nombre de points de NBI attribués au Département.