Monsieur le Président, la CFDT souhaite appeler l’attention du Département sur la situation extrêmement difficile et périlleuse dans laquelle se trouve notre poste en Haïti et en particulier ses recrutés locaux.
Comme vous le savez, le pays est en proie à une lutte des gangs et les principaux axes routiers sont actuellement bloqués, entravant la circulation des marchandises et des personnes. L’aéroport ainsi que les ports principaux sont fermés depuis novembre et le prix des marchandises a explosé dû à leur raréfaction.
La banque mondiale avait anticipé fin 2023 une nouvelle année de croissance négative pour Haïti en 2024 (-1,8%). Le prix des denrées alimentaires a augmenté de 27% entre janvier et mai 2024 dans les supermarchés de la capitale. En septembre 2024, l’indice des prix à la consommation, selon la Banque de la république d’Haïti (BRH), a été estimé à 421,8 soit quasiment 100 points de base de plus qu’un an plus tôt. Cet indice est d’ailleurs passé de 416, 9 en août à 421, 8 en septembre.
En septembre, le taux d’inflation mensuel était passé à 1,4% contre 0,8% un mois plus tôt, du fait de la progression IPC de la fonction « produits alimentaires et boissons non alcoolisées ».
Bien que le prix des carburants reste pour l’instant stable, le temps de trajet de certains de nos ADL est de 4 heures par jour pour aller travailler, du fait des embouteillages et leurs dépenses de carburant ont donc explosé. Le coût des transports en commun a été rehaussé de 15% et le prix des loyers a également bondi dans les endroits sécurisés.
Le chaos sécuritaire, un temps apaisé, s’est accru puisque de nouvelles attaques ont été menées, notamment en novembre, et le nombre de déplacés internes dans la zone Métropolitaine a explosé. En une semaine, plus de 20 000 habitants ont fui leur domicile selon l’OIM. De nouveaux massacres viennent d’être signalés cette semaine à Wharf Jérémie, Port-au-Prince, où 185 personnes ont péri.
Monsieur le Président, 10 de nos ADL ont dû quitter leur domicile, leurs maisons étant depuis lors occupées par les gangs. Certains de nos ADL ont été chassés du fait de leur appartenance à l’administration ou une famille de policiers.
Les ADL ont envoyé une pétition a l’ambassadeur en mai dernier pour solliciter les deux demandes suivantes cumulatives :
- Une aide financière immédiate pour les ADL de l’Ambassade et de l’Institut Français : sous forme forfaitaire pour l’ensemble du personnel, à laquelle s’ajouterait une aide ciblée pour ceux qui ont dû se relocaliser avec leur famille ;
- Une demande de revalorisation salariale sur la base du coût-vie, afin de compenser une perte de pouvoir d’achat estimée entre 15 et 20%.
La CFDT-MAE appuie les revendications justes des recrutés locaux et demande l’attribution immédiate de moyens supplémentaires pour les agents de droit local de l’Ambassade et de l’institut Français d’Haïti, sans attendre l’exercice de revalorisation, via un taux unique, qui pourrait prendre effet au titre de 2025 mais dont la mesure financière, bien que rétroactive, ne serait mise en œuvre qu’à partir du mois de mai.
Notre organisation revendique également la protection fonctionnelle pour les agents déplacés ou en risque d’être déplacés et leurs familles.