Indépendante de tous les partis, la CFDT ne donne pas de consigne de vote en vue de la présidentielle. Ce choix de l’autonomie face au pouvoir politique ne l’empêche pas de participer au débat public afin d’imposer ses idées et d’éclairer le choix des électeurs.
Les périodes électorales sont des enjeux forts pour la démocratie, et la CFDT a un rôle tout particulier à jouer. Il lui faut s’investir sans remettre en cause ses fondamentaux, en particulier son autonomie vis-à-vis du politique. « En tant que corps intermédiaire qui participe à l’intérêt général, nous redonnons de la cohérence aux demandes multiples d’une société en perte de repères, insiste la secrétaire nationale Laurence Laigo. Pendant cette campagne, nous devons être la voix majeure du monde du travail dans un contexte incertain, tant au niveau national qu’international».
Un moment crucial pour la démocratie
Autonomie ne signifie pas désintérêt ou effacement, tout au contraire. Pendant toute la campagne présidentielle et plus tard, pendant celle des législatives, la CFDT compte bien être présente pour faire entendre la voix des salariés. Les périodes électorales sont en effet des moments cruciaux dans les démocraties, et la crise actuelle renforce la responsabilité des corps intermédiaires tels que les organisations syndicales. « Une de nos premières missions est de mobiliser les salariés afin qu’ils prennent part au débat, explique Laurence Laigo. Nous les avons déjà encouragés à s’inscrire sur les listes électorales, et nous devons à présent les convaincre d’aller voter. La montée de l’abstention à chaque scrutin, particulièrement élevée dans les milieux populaires, ne peut laisser indifférente notre organisation. C’est le plus sûr moyen de donner de la légitimité aux responsables politiques et de renforcer notre capacité d’intervention et de contrôle en tant que citoyens. »
Le contexte économique difficile dans lequel se dérouleront ces élections laisse également craindre une montée du vote extrême… que combat avec force la CFDT au sein des entreprises. Pour l’extrême droite, les crises ont toujours été une aubaine, comme le montre l’audience actuelle du Front national. Son expression faussement réconfortante, mais réellement réactionnaire (retour au franc, fermeture des frontières, préférence nationale, etc.) cache mal un programme extrêmement violent qui fait des étrangers, des personnes d’origine étrangère ou encore de tous les gens qui combattent leurs idées (syndicalistes, militants associatifs, bénévoles…) les boucs émissaires mais aussi les responsables de tous les maux de notre société. « Le Front national n’est pas un parti comme les autres, rappelle, dès qu’il en a l’occasion, François Chérèque. Ce pour quoi il se bat est antinomique avec les valeurs que nous défendons. »
Dans ce contexte délicat, la présence de la CFDT dans le débat doit permettre que les véritables questions, celles auxquelles sont confrontés les salariés, soient réellement abordées par les divers candidats au cours de la campagne. C’est dans cet état d’esprit, à la fois constructif et combatif, qu’a été rédigée à leur attention une adresse, et qu’un forum de la société civile se déroulera dans les locaux de la Confédération les 10 et 11 mars prochain. L’objectif de ces deux initiatives est on ne peut plus clair : présenter dans le débat public les attentes de la CFDT et promouvoir nos solutions pour répondre au malaise social.
Débattre pour éclairer les citoyens
Sous le titre “Présidentielle 2012 – La CFDT s’adresse aux candidats”, cette interpellation présente ainsi de manière à la fois précise et concise les enjeux auxquels les prétendants à « la plus haute fonction de l’État » devront faire face et sur lesquels la CFDT souhaite qu’ils s’expriment. Ce document sert d’ailleurs de fil conducteur lors des rencontres que la CFDT a ou aura avec les candidats et leur équipe de campagne. Afin de gagner en clarté, ladite adresse s’articule en trois temps. Tout d’abord, les mesures que ces candidats souhaitent prendre à court et moyen termes pour répondre à la situation sociale dégradée que nous connaissons aujourd’hui. Veulent-ils revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires ? Vont-ils lancer le débat au sujet de la réforme systémique des retraites dès 2012 ? Quelles réformes de la fiscalité envisagent-ils s’ils prétendent réduire les inégalités et mieux défendre la cohésion sociale ? Autant de sujets incontournables, que le futur président de la République ne peut dédaigner, et qui méritent, à tout le moins, d’être débattus.
La deuxième partie de l’adresse s’intéresse à l’avenir au travers de questions concernant la formation (initiale et professionnelle), la sécurisation des parcours professionnels, le développement durable, l’aménagement du territoire ou l’Europe.
Enfin, dans la troisième partie, plus prospective, les candidats sont invités à s’exprimer sur la manière dont ils envisagent de gouverner, de mener à bien les réformes qu’ils proposent. Quelle place vont-ils donner aux partenaires sociaux ? Comment comptent-ils mener les débats publics ? Quelle est leur vision du rôle des acteurs de la société civile ? « Avec cette adresse, nous n’attendons pas que les candidats nous fassent des promesses sur tel ou tel sujet dont on sait bien qu’elles n’engagent que ceux qui y croient, explique Laurence Laigo. Nous souhaitons en revanche qu’ils répondent à cette interpellation pour confronter leurs points de vue et analyses à notre propre grille de lecture. Mais il n’est pas question d’agir comme un lobby qui tenterait de faire pression en vue d’obtenir des contreparties. » Les réponses des candidats seront rendues publiques grâce aux moyens de communication de la CFDT. L’enjeu, c’est d’éclairer le plus grand nombre de salariés à l’heure du choix.
Lire la plateforme qu’adresse la CFDT aux candidats à l’élection présidentielle