Monsieur le Directeur général,
Le syndicat CFDT-MAE est saisi par ses adhérents en poste à Pékin au sujet des conséquences sur leur santé de la grave pollution atmosphérique qui sévit de manière récurrente à Pékin [1]. Ceux-ci se plaignent notamment de ne recevoir aucune information de la part du poste, au point de se sentir « quasi abandonnés ». La presse se fait l’écho quotidiennement de taux extrêmement élevés de particules fines par mètre cube d’air. L’édition d’électronique du Monde, par exemple, titrait le 14 janvier dernier : A Pékin, la pollution de l’air pulvérise les normes de l’OMS».
La situation nous paraît assez grave pour que nous exercions notre droit d’alerte et que nous vous demandions de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé de nos collègues.
Mesures de protection
La CFDT attend de l’administration qu’elle procède sans délai à l’achat et à l’installation des équipements nécessaires (masques, purificateurs d’air) sachant qu’un nombre croissant d’ambassades à Pékin en sont aujourd’hui dotés ou sont en passe de s’en doter. La CFDT demande également que soit, sans attendre, étudiée la possibilité d’accorder aux agents en poste à Pékin des temps de séjour dérogatoires ou des congés d’aération.
Information des agents concernés et du CHSCT central
La CFDT souhaite que les agents du poste et les membres du comité central d’hygiène, de sécurité et conditions de travail puissent prendre connaissance des échanges télégraphiques entre l’ambassade et le Département sur ce sujet et de l’avis du médecin de prévention.
Inspection et réunion urgente du CHSCT
La CFDT demande que l’administration procède rapidement à une enquête sur les conditions de vie et de travail de nos collègues à Pékin. En l’absence d’un véritable CHSCT à Pékin, le CHSCT central doit être réuni rapidement. Tout porte en effet à croire que les résultats de cette enquête conduiront l’administration à prendre des mesures, et compte tenu des premiers éléments qui nous sont parvenus, il n’est pas impossible que ces mesures puissent inclure un droit de retrait.
[1] Témoignage d’une adhérente CFDT en poste à Pékin : « Les agents souhaitent de toute urgence pouvoir s’entretenir avec les responsables de l’ambassade des conditions de travail. En effet, les taux de pollution atmosphérique sont extrêmement élevés, battant même des records jamais atteints aussi bien dans les taux que sur la durée. La limite de particules fines polluantes fixée par l’Union Européenne est de 25 µg / m3. Au delà de ces mesures, on estime qu’il y a un risque pour la santé. A Pékin, la concentration de ces particules polluantes a été récemment mesurée à plus de 800 µgs/m3 ! Nous avons régulièrement des journées entières se succédant entre 250 et 500 µgs/m3. Ces taux sont fournis par l’ambassade des Etats-Unis et n’ont pas été contestés par les autorités chinoises. En tant que mère de famille, je suis très inquiète. Toute ma famille a été malade. Mon enfant tousse constamment depuis plus d’un mois, j’ai une sinusite chronique depuis trois semaines et suis souvent au bord de la crise d’asthme. J’en suis à me demander si je serai en mesure d’accomplir mes trois ans dans cette ville. Lorsque j’ai été le plus malade, j’ai dû prendre 2 jours de RTT pour qu’un jour de carence ne me soit pas décompté. Depuis, je suis malade, mais je viens travailler comme d’ailleurs plusieurs de mes collègues. Une société privée est venue à l’ambassade mesurer les taux de pollution dans nos locaux. Il en résulte que l’air que nous respirons à l’intérieur comporte un taux de pollution représentant 65% du taux de l’extérieur. Un télégramme sur le sujet de la pollution aurait été envoyé par le poste au Département, mais aucune copie ne nous a été remise. Lors de la réunion de dialogue social, les représentants du personnel ont demandé à ce que des filtres à air soient proposés aux agents dans les bureaux (c’est d’ailleurs ce qu’ont déjà fait de nombreux partenaires européens, notamment l’Allemagne) et que nous puissions commander des masques efficaces. On leur a répondu que ces mesures coûteraient trop cher et n’étaient donc pas envisageables. Lors de mon affectation en poste, à aucun moment ni la DRH ni le médecin de l’administration n’ont abordé le sujet de la pollution à Pékin et des risques principalement pour les jeunes enfants. Je suis vraiment désolée d’avoir fait venir ma famille dans un tel enfer ! »