Après plusieurs mois de tentatives pour nouer un dialogue constructif autour de l’avenir du Centre des Archives diplomatiques de Nantes, il semble que les personnels et leurs représentants aient eu gain de cause. Doit-on poutant céder aussi facilement aux sirènes de l’optimisme ambiant, relayé par la presse (1) ou les élus (2) ?
Que de chemin parcouru, il est vrai, depuis le mois de janvier 2011 et la première rencontre des organisations syndicales avec le Directeur des Archives pour discuter de son projet de relocalisation des fonds historiques du CADN à la Courneuve qui a suscité un réel émoi (pour ne pas dire un véritable tollé) chez certains professionnels, universitaires et élus locaux. Courriers et questions parlementaires, entretiens avec le Ministre d’Etat et remise d’un dossier chiffré démontrant le coût induit par le projet et proposant une solution alternative locale ont fini par faire mouche. A la demande du Ministre, le Secrétaire général, M. Pierre Sellal, s’est déplacé à Nantes le 26 septembre pour prendre connaissance de l’ensemble du dossier, en mesurer les problématiques et discuter ouvertement avec le personnel du CADN et ses représentants.
Le CADN, centre d’archives historiques et administratives, reste à Nantes…
De cette visite, les personnels ont retenu deux choses.
La confirmation, tout d’abord, du maintien du CADN dans ses rôles de centre d’archives historiques et de soutien scientifique pour les archives administratives des services nantais, qu’il exerce depuis maintenant une décennie parallèlement à son activité principale. La volonté affichée du Secrétaire général, reprise par un communiqué de presse à peine moins affirmatif le lendemain (3), de maintenir le centre nantais dans ses missions et ses effectifs reste cependant à confirmer par le Ministre d’Etat. Par ailleurs, le projet de redistribution des fonds entre les centres, malgré des coûts prévisibles pharaoniques et alors que la direction reprend difficilement une activité normale après le déménagement de la Courneuve, n’est pas totalement enterré.
Le sentiment, ensuite, que si l’administration a bien acté la non-reconduction du bail d’Orvault (dépôt des archives administratives des services nantais) prenant fin en février 2013, aucune décision n’est prise pour permettre d’accueillir ces archives dans de bonnes conditions à Casterneau (site du CADN).
Et c’est bien là ce qui tempère très largement l’optimisme de la CFDT-MAE et du personnel du CADN. La solution de relocalisation des archives administratives d’Orvault vers le site du Casterneau est effectivement frappée du sceau du bon sens. Relocaliser l’ensemble des archives du MAEE à Casterneau, qui dispose de deux bâtiments en excellent état et propres à les recevoir (anciens magasin de fourniture et imprimerie), plutôt que de louer un entrepôt en périphérie semble logique et souhaitable. Encore faut-il se donner les moyens de le faire correctement. Car même si ce projet reste bien moins couteux qu’un improbable déménagement des fonds historiques vers la Courneuve, il nécessite un minimum d’investissements pour permettre la transformation des bâtiments existants en dépôts d’archives.
… et les archives administratives des services nantais… sur le pavé.
Cet effort est induit par la décision d’abandonner le dépôt d’Orvault. L’administration découvre-t-elle que pour faire des économies il faut parfois tout d’abord investir ? Si les investissements nécessaires à Casterneau ne sont pas réalisés, ce sont tous les services nantais qui en pâtiront. Les archives du SCEC, de la SDV, de la DAF se trouveront déposées à Casterneau (sur palette ? Dans la cours ? Sous une bâche ?) et y resteront inexploitables tant que les infrastructures nécessaires ne seront pas mises en place. Ces archives vivantes, indispensables au fonctionnement des services concernés (3000 consultations annuelles !), doivent être accueillies à Casterneau dans de bonnes conditions. L’administration prévoit-elle de bloquer le fonctionnement des services nantais pour réaliser l’économie du loyer d’Orvault (240K€/an) et des investissements nécessaires à Casterneau (environ 500K€) ?
Et enfin, envisage-t-on d’en faire porter la responsabilité à l’équipe du CADN ? Coupable d’avoir refusé de se séparer de ses fonds les plus précieux au profit de la Courneuve, le CADN doit-il à présent trouver seul et sans financements les solutions nécessaires pour répondre à une situation qu’on lui impose ?
L’administration dispose à Nantes d’une équipe motivée (pour combien de temps encore ?) et professionnelle pour la gestion de ses archives administratives et historiques. Elle aurait tout à gagner à lui donner les outils pour mener à bien ses missions tant dans le domaine du rayonnement et de la coopération scientifique que pour le soutien au fonctionnement quotidien des services nantais en relation quotidienne avec le public.
1 : Ouest-France repris par la revue française de généalogie
2 : lire le blog du Sénateur Richard Yung