Archives pour 2011
“Chez Jeannot, le MAE d’en bas”
La CFDT-MAE demande un moratoire sur la RGPP
Alain Juppé a fustigé plusieurs fois “une revue générale des politiques publiques aveugle, qui souvent supprime d’une façon rigide ce qu’il faudrait absolument garder”. Il a affirmé qu’en matière budgétaire, on touchait l’os. La CFDT-MAE attend de lui qu’il use de tout son poids politique pour arrêter la casse et inverser la tendance.
Lire l’article “Juppé au secours du Quai d’Orsay” dans Acteurs publics.
La CFDT-MAE demande un moratoire sur la RGPP
Alain Juppé a fustigé plusieurs fois “une revue générale des politiques publiques aveugle, qui souvent supprime d’une façon rigide ce qu’il faudrait absolument garder”. Il a affirmé qu’en matière budgétaire, on touchait l’os. La CFDT-MAE attend de lui qu’il use de tout son poids politique pour arrêter la casse et inverser la tendance.
Lire l’article “Juppé au secours du Quai d’Orsay” dans Acteurs publics.
La CFDT-MAE salue les déclarations des diplomates dans la presse
Le syndicat CFDT-MAE souscrit intégralement aux propos et aux conclusions des tribunes de diplomates récemment diffusées dans la presse, notamment “L’Elysée était informé des dérives du système Ben Ali“, d’Yves Aubin de la Messuzière, Ambassadeur en Tunisie de 2002 à 2005, “Les diplomates ne sont pas des incapables“, de l’ancien secrétaire général Gérard Errera et “On ne s’improvise pas diplomate“, du collectif Marly.
Il appelle notre pays à retrouver sans délai une politique étrangère lisible, crédible, et conforme à ses valeurs historiques, géographiques, et culturelles.
Il exhorte celles et ceux en situation de responsabilité à faire l’économie d’une crise au Quai d’Orsay.
Il met en garde, solennellement, contre les conséquences de l’actuelle destruction délibérée des structures et des missions politiques, consulaires, culturelles et de coopération du MAEE.
Evaluation, modulation
A moins d’un an de la pérennisation de l’entretien professionnel, l’administration, consciente de la nécessité d’améliorer le dispositif, a rencontré les organisations syndicales à la demande de la CFDT, pour qu’un bilan complet de l’expérimentation de l’évaluation au MAEE soit dressé et que des pistes d’améliorations soient élaborées.
Les dangers de la Diplomatwit !
Les crises tunisienne et égyptienne, puisqu’elles occupent le devant de la scène, démontrent, nous dit-on, la marginalisation de notre diplomatie et l’inefficacité de notre administration. Le diplomate n’a rien vu venir, perdu dans les couloirs des palais, et Twitter informe plus vite, au plus près du terrain. Les diplomates de carrière, adeptes du consensus mou, devraient être troqués contre des représentants du monde de l’entreprise formés à l’école du mensonge, du conflit et du stress !
Ces accusations d’une étonnante facilité sont sidérantes. Elles démontrent elles-mêmes le danger de parler trop vite, en réaction, sans réflexion.
On ne saurait engager la responsabilité d’un Etat, et encore moins le destin des peuples, sur un éboulis de messages laconiques instantanés de sources non-identifiées, non fiables. On sait, depuis les images saisissantes des charniers de Timisoara, que l’information peut être manipulée.
Et les journalistes ont beau jeu de gloser sur les diplomates « dépassés », « passéistes », ou simplement trop lâches pour proposer un discours différent de celui attendu par l’hyper-président. Pourtant, combien de journalistes, de la presse privée dont on connait les collusions avec le pouvoir, ou publique sous la tutelle de l’Etat, montrent le courage d’affirmer une réelle liberté de parole, dégagée de toute autocensure, dans une société où les contre-pouvoirs se sont peu à peu éteints ? Combien, en réalité, prennent le soin de vérifier leurs informations, toujours à la course au sensationnel, en compétition avec les nouveaux médias, bafouant au besoin les droits élémentaires de la personne jetée en vindicte au peuple avide ?
Et l’on demanderait aux diplomates de commettre les mêmes erreurs ?
La paix, voilà le métier du diplomate. Cette idée, que l’on semble perdre de vue, est ce vers quoi tend tout diplomate, par essence. La paix passe par la compréhension de l’autre. Elle se construit grâce à un long et profond apprentissage des peuples et des cultures, et la construction d’un dialogue riche, basé sur une réflexion murie. Les agents du service public qui effectuent leurs missions aux Affaires étrangères, qu’ils soient à l’étranger ou en France, participent à cette finalité : mieux connaître, faire connaître, comprendre, dialoguer.
Oui, la représentation de l’Etat français, pour le compte du pouvoir exécutif qui le nomme et qu’il représente, auprès des autorités locales est une des missions de l’Ambassadeur. Mais le chef de poste ne travaille pas seul. Tous les agents d’un poste diplomatique, travaillant de concert dans une sorte de melting pot qui rassemble Français, nationaux du pays d’accueil et éternels voyageurs de passage, apportent leur pierre à l’édification du dialogue. De par leurs métiers, ils sont en prise directe avec la société civile du pays. Dans chacun de leurs actes, ils représentent la France et participent à l’échange entre les cultures, souvent dans des conditions difficiles, au service des autres. Cela prend du temps, demande de la mesure en chaque chose.
On n’entre pas au ministère des Affaires étrangères pour trouver une planque. Les hommes et femmes qui s’engagent dans cette carrière, où la mobilité géographique le dispute à la mobilité professionnelle, le font parce qu’ils souhaitent se mettre au service de leurs compatriotes, comme les enseignants, les personnels de la Justice, de la Défense ou de la Santé. Parce qu’ils ont à cœur de représenter leur pays et de défendre ses intérêts. Pour une certaine idée de la France et de ses valeurs, aussi, qui semble manquer cruellement aux décideurs politiques aujourd’hui.
En effet, nous sommes ici bien loin de la communication par SMS.
Evidemment, la diplomatie doit aussi savoir se réformer pour mieux appréhender les enjeux d’un monde en mouvement. Pourtant, dans une société où l’on confond systématiquement réforme et économies, les efforts consentis depuis une décennie n’ont conduit qu’à une diminution des moyens (humains, de fonctionnement, d’influence), portant ainsi l’administration à la limite de la désorganisation. Aujourd’hui, toutes les forces du service public sont, ou devraient être, tournées vers ses missions régaliennes, dont le secours aux ressortissants français, qu’elles ne peuvent parfois plus assumer dans des conditions satisfaisantes et justes. Les forces nécessaires à l’élaboration et à la conduite d’une réelle réforme de la diplomatie, si elle était vraiment voulue par le pouvoir politique (ce dont on peut douter), se sont déjà évaporées pour participer à l’effort collectif de résorption des déficits publics.
La diplomatie, comme bien d’autres pans des services publics, doit-elle être privatisée ? Doit-on livrer la sécurité et les relations extérieures à la logique du marché, aux multinationales, aux intérêts privés ?
Loin des ors et des réceptions dont on tient encore à faire le quotidien des agents des Affaires étrangères par une sorte de fantasme collectif, la diplomatie vise l’intérêt général. Et le diplomate jongle pourtant avec un ensemble d’intérêts particuliers. Qu’il s’agisse de négociations bilatérales, de délivrance de visas, d’aide aux compatriotes en difficulté ou de coopération technique, la logique reste la même : pour que les personnes qui assurent ces missions le fassent sereinement, il faut garantir leur indépendance.
Pour que le Ministère des Affaires étrangères réponde au mieux aux attentes, aux grands espoirs qu’on place en lui, il doit retrouver toute sa place dans l’appareil de l’Etat, ses compétences et son expertise doivent être reconnues.
Jean-Pierre Farjon
Secrétaire général CFDT-MAE