Tous les collègues du MAE disposant d’un compte éole ont reçu deux fois, le 10 octobre, une lettre aux agents de la part de Laurent.FABIUS@diplomatie.gouv.fr. La volée de bois vert de la part des recrutés locaux ne s’est pas fait attendre : «PAS UNE SEULE REFERENCE AUX ADL !! Alors, quand M. Fabius écrit dans sa lettre “vous exercez un métier exigeant au plan professionnel et personnel” il ne s’agit en fait que de discours, de blabla … J’ai envie de prendre mon sac à main et de rentrer chez moi». «C’est carrément dégradant de ne pas faire partie du personnel MAE et du personnel auquel on reconnait “mérites et dévouement”! En plus un bon système de censure existe dans le droit de réponse à la lettre de M. Fabius, notre réclamation vient d’être rejetée «non autorisée». «Vraiment, comment un Ministre peut-il adresser une lettre aux 14.718 employés du MAE exposant les efforts qui leur seront demandés en 2013 pour le redressement des comptes publics et finir cette lettre en citant les promotions octroyées aux seules catégories A, B et C ? “.
Une fois de plus, pas question de promotion pour les recrutés locaux ? Ils sont au nombre de 8.800 (dont 3.600 dans les Instituts et Centres Culturels français) et c’est à eux que le MAE semble réserver inlassablement depuis des années les sacrifices sur leurs conditions de travail, de rémunération et le respect de leurs droits». «Oubli» des agents les plus fragiles et/ou précaires – recrutés locaux et contractuels – et des volontaires internationaux, langue de bois et communication à sens unique, tout est dit dans ces réactions à chaud, outrées mais lucides, des recrutés locaux qui militent à la CFDT. Et pour ceux qui n’auraient toujours pas compris, la DRH a diffusé le surlendemain, urbi et orbi, toujours via sa mailing liste magique, la Lettre InfoDRH n°8 relative aux taux de promotion de plusieurs corps du Département. Il y est question d’une «négociation de plusieurs mois avec les organisations syndicales» alors que l’affaire a été pliée en deux réunions d’information les 13 et 17 avril dernier, lors desquelles la DRH a consenti quelques miettes aux agents de catégorie C mais n’a rien lâché sur les promotions des conseillers des affaires étrangères hors-classe. On apprend aussi dans InfoDRH n°8, que le taux de promotion au grade de ministre plénipotentiaire de 1ère classe est porté de 10% à 15%. Outre que cette catégorie de collègues n’est pas la plus malheureuse, on aurait aimé pouvoir en parler lors de la « négociation ».
Lire l'article paru sur le site du Point.
La CFDT rappelle pour mémoire les ordres de grandeur fournis par l’administration pour cet exercice au début de la « négociation » : 400.000 € dont 200.000 € pour les seuls conseillers des affaires étrangères, 80.000 € pour l’échelon spécial en catégorie C et 30.000 € pour les secrétaires de chancellerie. Pendant ce temps-là la DGA mégote sur le maintien du pouvoir d’achat des recrutés locaux et la joue petits-bras pour la réduction de la précarité…
Pour reprendre l’euphémisme employé par une recrutée locale : «La maladresse contenue dans cette lettre du Ministre à tous ses agents est grave». Cette erreur de communication en dit long sur la qualité du dialogue social au MAE. Un comité technique ministériel s’est tenu deux semaines avant cette lettre du ministre lors duquel la CFDT, comme plusieurs autres syndicats, avait rappelé la nécessité de prendre en compte les revendications des recrutés locaux et des contractuels. Des assurances avaient alors été apportées en séance par l’administration. Il est temps que les paroles et les actes s’accordent ! Les personnels du ministère ont déjà démontré leur capacité à adapter notre outil à l’évolution du monde. La poursuite de cette adaptation ne pourra se faire que collectivement, pas en oubliant 60 % des agents du ministère !