Le ministre intervient d’abord sur les grands dossiers du moment : constitution de task forces sur Ebola et sur la Syrie, transformation du Centre de crise en Centre de crise et de soutien pour intégrer le volet post-crise, projet de création d’une grande agence française de l’expertise internationale (AFETI) et conférence sur le climat qui réunira, en décembre 2015, « 20.000 délégués, 20.000 invités et 3.000 journalistes »
2015, année de l’introspection au MAE ?
Puis le ministre annonce une vaste réflexion sur le MAE « à partir de ce qui se fait d’innovant dans d’autres pays ». Il s’agira d’examiner « ce qui a été fait depuis deux ans et d’être clair sur le cap ». Laurent Fabius promet d’associer les organisations syndicales à cette réflexion collective.
[Le directeur général de l’administration précisera lors du même CTM que le thème de la prochaine conférence des ambassadeurs portera sur le MAE du XXIè siècle, sans éluder les questions « avec qui ? » et « dans quelles conditions ? ».]
Sur la deuxième vague de postes de présence diplomatique (13 nouveaux postes d’ici fin 2017) le ministre répond à la CFDT, qui craint que l’on confonde vitesse et précipitation, que l’ « on tiendra compte de l’existant »…
En réponse à plusieurs demandes syndicales, le ministre promet qu’un travail sera mené sur la Gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences (GPEEC).
Temps de travail : faire évoluer les mentalités
Sur les dossiers RH, le ministre insiste d’abord sur la nécessaire conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle et sur la Charte du temps, qui doit être « un point de départ ». « Il faut faire évoluer les mentalités et les méthodes de travail. »
Puis Laurent Fabius évoque la lutte contre les risques psycho-sociaux et salue l’action des psychologues et de l’inspecteur santé et sécurité.
Cependant un flottement – pour ne pas dire un malaise – s’installe lorsque les organisations syndicales font état de problèmes et de démissions dans le service de médecine de prévention. Selon le ministre et son administration, le problème viendrait de difficultés à recruter des médecins de prévention…
Ouvrir le chantier sur les paramètres de l’expatriation
Le ministre assure avoir entendu les protestations des organisations syndicales au sujet de la réforme des temps de séjour. Ce chantier sera ouvert dans les prochains jours et la prochaine révision annuelle devrait permettre de corriger les inéquités.
Plus généralement, une réflexion est demandée au directeur général de l’administration sur les paramètres de l’expatriation et sur la mobilité familiale. Des propositions sur les durées d’affectation, les indemnités d’expatriation, le logement, la sécurité et le travail des conjoints, devront être présentées et débattues avant le début de l’année 2015.
Sur la proposition de plusieurs syndicats, dont la CFDT, d’un barème unique pour les indemnités de changement de résidence, le supplément familial et l’indemnité d’établissement, le ministre déclare que « c’est à voir » mais que cela ne le choque pas.
Attention aux licenciements de recrutés locaux !
En réponse à la CFDT qui proteste contre la baisse soudaine des crédits catégoriels en faveur des recrutés locaux, Laurent Fabius lit une petite fiche sur laquelle il est écrit que la masse salariale des RL continue d’augmenter de 3,5% par an. [Certes, mais l’on part de très loin : on peine encore à atteindre les critères de l’OIT pour la protection sociale et les recrutés locaux sont privés d’action sociale, ndr.]
Le ministre est plus convaincant quand, ensuite, il promet d’adresser aux ambassadeurs des instructions pour qu’ils assurent un » suivi minutieux » des licenciements et qu’ils fassent « le maximum pour trouver des solutions. C’est un vrai sujet ! » [Pour sûr ! 84 suppressions d’emplois de RL sont intervenues en 2014 et le schéma d’emplois 2015 en prévoit 111 de plus, ndr].
Affectations à l’étranger des secrétaires de chancellerie
L’attention du ministre ayant été appelée sur le déséquilibre entre les agents pouvant postuler à un poste à l’étranger et le nombre de postes disponibles, celui-ci suggère que des postes d’adjoints des ambassadeurs PPD-FTA soient confiés à des secrétaires de chancellerie. [La CFDT milite également pour que des postes de secrétaires généraux d’établissements à autonomie financière leurs soient confiés en plus grand nombre. La DRH doit reprendre la main sur les affectations dans le réseau culturel et y affecter plus d’agents titulaires de catégorie A et B, ndr.]
Une deuxième chance pour la résorption de la précarité ?
A la CFDT qui l’interpelle au sujet de l’application déplorable, au MAEDI, de la loi Sauvadet sur la résorption de la précarité, le ministre commence par relire les chiffres « décevants » des concours 2013, mais finit par promettre qu’il y aura un concours en 2016.
Commentaire : au-delà du format convenu de l’exercice – discours du ministre, interventions des syndicats, petites fiches glissées au ministre dans lesquelles on retrouve beaucoup d’éléments du dossier de séance – les échanges ont permis d’obtenir des assurances sur plusieurs dossiers « chauds » : temps de séjour et conditions de l’expatriation, temps de travail et santé au travail, licenciements de recrutés locaux et résorption de la précarité.
Le directeur général de l’administration repart avec une feuille de route chargée. Aux organisations syndicales, CFDT en tête, de faire des propositions pour faire vivre le dialogue social et obtenir des droits nouveaux pour les agents.