Début dès 8h30, estrade au centre, co-working, parole « libre », efficacité revendiquée : les troisièmes « journées du réseau consulaire » n’ont pas échappé au vent nouveau qui semble souffler sur l’administration depuis quelques semaines. Elles ont permis de faire le point sur les différentes facettes d’un « art tout en exécution » pour reprendre les mots du directeur des Français à l’étranger.
Des différents échanges, nous retenons les points d’attention suivants :
- Une priorité donnée aux questions d’état-civil – nationalité.
Le sous-directeur de l’état-civil et le procureur-adjoint auprès du TGI de Nantes sont revenus sans langue de bois et de manière complète sur l’impact que la loi « Justice du XXIè siècle » aura sur les postes consulaires. L’idée de base en est l’allègement des tribunaux, mais la profonde mutation du travail d’Officier d’état-civil consulaire (OEC) qu’elle implique est, des propres termes du procureur, « périlleuse », le texte étant entré en application sans que ne soient publiées les circulaires qui l’encadrent. Un effort rapide de formation devra donc être entrepris afin d’éviter plusieurs écueils : l’articulation délicate entre les différents acteurs (compétences de plusieurs OEC sur certains sujets) et les conflits potentiels entre la loi française et les lois nationales.
Un regard syndical ajouterait qu’il faut également poser sans tabou la question des ETPs afin d’assurer le transfert de lourdes compétences du Juge vers l’OEC : changements de nom et de prénom, rectification des erreurs matérielles sur les actes et greffe des PACS. Il conviendra donc d’être excessivement vigilant sur le sujet si l’on veut accompagner positivement le mouvement.
- Métiers consulaires : le prochain front ?
Les deux tables rondes consacrées aux évolutions métiers ont consacré un nouveau vocabulaire : on parle désormais moins de « réformes » que « d’avancées » ; on ne « modernise »plus à marche forcée, mais on met en avant une démarche « collaborative ».
De fait, il faut donner crédit à l’administration d’avoir amélioré le Registre en ligne (48% des nouvelles inscriptions après un an de fonctionnement) et le dispositif de recueil pour les titres d’identité et de voyage en fonction des retours utilisateurs. La simplification annoncée des tableaux d’indicateurs « Sigma », remplacés par un infocentre bien plus automatisé, est également une bonne nouvelle. La mission de gestion administrative et financière de la DFAE souligne d’ailleurs que c’est la montée en puissance de ces indicateurs et leur souplesse (modulables, cartographiables) qui lui permet de défendre effectifs et budget.
Pourtant, au-delà des mots, les anciennes antiennes refont vite surface : la réduction des moyens demeure clairement actée. Si la dématérialisation est un progrès pour l’usager, elle ne doit pas devenir source de stress pour ceux d’entr’eux qui sont les plus fragiles ou éloignés des réseaux informatiques. De même, comme la CFDT-MAE l’a déjà plusieurs fois souligné, il est essentiel de ne pas gager des gains en ETP sur des évolutions non encore effectives. Là encore, une vigilance ouverte s’impose.
- Référentiel « Marianne » : quid de la bienveillance envers les agents ?
Le secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP) est revenu sur la nouvelle version du « Référentiel Marianne », charte-qualité essentiellement mise en œuvre pour l’heure dans le réseau DGFIP, des rectorats et quelques caisses d’allocations familiales (4500 établissements au total) et que le Département souhaite promouvoir. Nos collègues de New Delhi, New York et Shanghai ont, en complément, effectué un tour du monde argumenté de leur expérience.
Premier constat : la démarche est motivante si elle est collective. L’engagement des chefs de poste et l’association étroite des agents au contact du public est donc essentielle. Second constat : elle peut être délicate, chronophage et finalement contreproductive dans les postes à effectif réduit. Par ailleurs, on peut s’interroger sur la contradiction que peut représenter une communication axée sur l’accueil alors qu’en même temps la plupart des postes se voient contraints de limiter, voire dissuader, le nombre de visites par manque de temps, de personnel ou de locaux adaptés.
Un œil avisé notera également que, sur les douze engagements du référentiel, seuls deux concernent les agents (association au processus et formation). Un intervenant relève d’ailleurs que « bien traiter les usagers, c’est d’abord bien traiter les agents », formule à laquelle on ne saurait trop souscrire. La démarche ne doit pas être anxiogène. Pour être efficace, elle doit également être sincère et donc ne pas être le faux-nez d’une gestion du manque de moyen et de personnels.
- Deux évènements publics de qualité
Les « JRC » ont désormais leur interface « publique » : La DFAE a en effet organisé en soirée deux tables rondes ouvertes sur le thème « les Consuls face à l’exceptionnel » (gestion des évènements sportifs ou culturels et des crises), animées par le journaliste Emmanuel Langlois.
La salle pleine (250 personnes, essentiellement entre 20 et 25 ans), le format mettant en valeur six sections consulaires, consulats ou consulats généraux et la fluidité des échanges sont à relever. L’image et la connaissance du « Département » en ressortent clairement enrichies.
En conclusion, l’exercice se révèle toujours aussi utile. Soucieuse du service (au) public, la CFDT-MAE ne peut que se réjouir de voir réaffirmé le symbole des « trois couleurs, point de repère de nos compatriotes » à l’étranger. On regrettera seulement l’affluence légèrement moindre qu’en 2016 (effet élections ?) et le fait que l’ensemble des chefs de chancellerie en partance de Nantes n’aient pas été conviés. Une telle prise en charge aurait permis d’accroitre l’effet « intégration » et d’ajouter une expertise complémentaire aux échanges. Formulons le vœu que cette option soit retenue par les organisateurs, et rendez-vous en juin 2018 à la planète consulaire !