Le sujet des retraites est complexe, technique, et suscite bien des passions, des interprétations et des divergences qui tournent parfois à la caricature. Beaucoup de désinformation et de contre-vérités circulent sur ce thème où la CFDT a développé une expertise et des revendications ancrées dans la réalité du terrain.
Alors que le gouvernement porte l’ambition d’une réforme des retraites en mettant sur pied un système universel, à points, grâce auquel un euro cotisé donnera lieu au même droit pour tous, la confédération CFDT (www.cfdt.fr) nous propose de faire le point sur quelques idées reçues :
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« Les fonctionnaires sont des privilégiés au regard de la retraite » : c’est FAUX !
Les règles des différents régimes se sont rapprochées, notamment en termes de durée de cotisation et d’âge minimal de départ en retraite. Mais deux différences majeures demeurent : pas de retraite complémentaire pour les fonctionnaires et un calcul du salaire de référence sur les 6 derniers mois, contre les 25 meilleures années dans le secteur privé. Mais les différences ne sont pas forcément à l’avantage des fonctionnaires : la règle des 6 derniers mois avantage surtout ceux qui ont une carrière plus dynamique, et elle est tempérée par la non prise en compte des primes dans le salaire de référence, ainsi que par la faiblesse relative des rémunérations (des enseignants par exemple). Les études du Conseil d’orientation des retraites (COR) montrent qu’il n’existe pas de différences majeures, pour ce qui est du taux de remplacement ou de l’âge de départ, lorsqu’on compare les retraites des fonctionnaires à celles du secteur privé.
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« Le niveau de vie relatif des retraités baisse » : c’est VRAI !
Depuis 1993, la revalorisation des pensions est indexée sur l’inflation et non plus sur l’évolution des salaires. Au fil des ans, cette mesure a eu pour effet un ralentissement de l’augmentation des retraites par rapport aux salaires, car le taux d’inflation est inférieur à l’évolution salariale. C’est donc le pouvoir d’achat relatif, ou plutôt le niveau de vie relatif qui baisse. Le pouvoir d’achat des retraités ne diminue donc pas, mais en revanche, comme il n’augmente pas non plus, toute modification de la fiscalité représente pour eux une perte sèche de niveau de vie (c’est le cas avec la dernière mesure sur la CSG). Si le niveau de vie – en moyenne – des retraités est aujourd’hui de 106 % au regard de celui des actifs, et si le mode d’indexation des pensions ne change pas, le décrochage sera de 15 à 25 % dans 20 ans selon les différentes hypothèses du Conseil d’orientation des retraites (COR).
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« Les femmes ont la même retraite que les hommes » : c’est FAUX !
Le taux d’activité des femmes a beaucoup augmenté depuis les années 1970 : il est de 68 % aujourd’hui, contre 75 % pour les hommes. Mais les femmes n’ont toujours pas le même déroulement de carrière que ceux-ci (temps partiel subi, interruptions de carrière pour élever les enfants), ni la même rémunération. Ces inégalités de carrière et de rémunération perdurent. Et comme la retraite est le reflet de la carrière, les femmes ont en moyenne une retraite inférieure de 31 % à celle des hommes !
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« Les pensions de réversion protègent les femmes » : c’est VRAI et c’est FAUX !
Les pensions de réversion ont été créées à une époque où le salariat féminin était marginal et où les femmes se mariaient et restaient au foyer pour élever les enfants. Les réversions avaient donc pour but de donner des ressources aux veuves. Aujourd’hui, elles permettent de réduire l’écart de pension entre les femmes et les hommes, mais ne sont plus complètement adaptées aux besoins de solidarité actuels avec l’augmentation des divorces, l’apparition du Pacs, et le développement des familles monoparentales.
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« Notre système de retraites va faire faillite » : c’est FAUX !
Tant qu’il y aura des cotisations pour la retraite, il y aura des pensions de retraite. Dans notre système « par répartition », les cotisations sont immédiatement utilisées pour verser les pensions. Contrairement au système dit « par capitalisation », où chacun épargne pour sa retraite sur des placements financiers sensibles aux évolutions boursières, notre système « par répartition » ne peut pas faire faillite. Un système « par répartition » est plus solide financièrement. Il repose entièrement sur l’acceptation d’un pacte social autour des retraites. Il doit donc être rigoureusement juste et solidaire. Oui, dans les années 1990, notre système de retraites a été confronté à d’importantes difficultés financières liées à l’arrivée à l’âge de la retraite des baby-boomers. Mais il a réussi à s’adapter, au prix de nombreuses réformes, souvent douloureuses : recul de l’âge de la retraite, augmentation de la durée de cotisation, augmentation des cotisations. Mais le résultat est là : le besoin de financement est passé de plus de 1 % du PIB dans les années 2000 à 0,2 % aujourd’hui (par comparaison le déficit de l’État se situe entre 2 et 3 %). Les deux facteurs de hausse – baby-boom et carrières de plus en plus complètes – s’estompent, et même si l’augmentation de l’espérance de vie accroît tendanciellement les dépenses, elle est plus lente et plus limitée.
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« Un régime en points, c’est un système par capitalisation » : c’est FAUX !
Un régime en points, c’est un régime dans lequel il y a des cotisations, salariales et patronales, qui permettent d’acquérir des droits à la retraite sous forme de points qui seront transformés en pension de retraite. Les points permettent de garantir la valeur des droits et c’est le système qui existe depuis 1947 pour l’Agirc (Cadres), depuis 1961 pour l’Arrco (cadres et non cadres) et depuis 1970 pour l’Ircantec (contractuels de la Fonction publique). Ces trois régimes par répartition sont gérés de manière paritaire par les partenaires sociaux, qui ont montré régulièrement leur capacité à les faire évoluer. Dans le système en annuités actuel, les cotisations acquittées en début de carrière ont moins de valeur que celles acquittées en fin de carrière. Cela avantage les carrières ascendantes et pénalise ceux qui ont des métiers pénibles ou peu qualifiés, et/ou des carrières peu ascendantes. Soyons clairs, la capitalisation existe déjà dans notre système actuel : c’est « la retraite supplémentaire », à distinguer de la retraite complémentaire. Elle peut être facultative, individuelle ou collective.
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Pour en savoir plus sur les retraites, nous vous invitons à consulter les résultats de la grande enquête CFDT réalisée entre juin et août 2018 auprès de 120 000 personnes.