- La roulette russe
Agents expatriés en Russie
La situation vécue par nos collègues en Russie est particulièrement anxiogène. Dès le 6 mars dernier, par une décision hâtive et peu justifiée, la DRH donnait instruction aux agents de faire rentrer leurs familles en France sans aucune mesure d’accompagnement concrète. Ainsi, nos collègues ont vécu un bouleversement de leur équilibre professionnel et familial et pour beaucoup se sont retrouvés confrontés à de sérieuses difficultés, notamment à la question des doubles loyers (comme en Ukraine) et de la re-scolarisation de leurs enfants en cours d’année.
Après que la France a été classée dans la liste des pays « inamicaux » il y a quelques semaines et alors que la concrétisation des mesures de rétorsion russes n’est toujours pas connue, les agents expatriés ont au-dessus d’eux une nouvelle épée de Damoclès : l’application de la mesure attendue de déclaration de 41 « Personae Non Gratae » (PNG) parmi les agents sous statut diplomatique ou de service en poste en Russie et de l’expulsion qui en découlera (entre 48h et 14 jours de préavis) par réciprocité à l’expulsion de 41 agents russes dont les activités en France étaient contraires à leur statut officiel (35 titulaires de passeports diplomatiques et 6 de passeports de service.
Une telle mesure entraînera un redimensionnement de notre dispositif et une nouvelle organisation de nos services sur place. Les conditions d’exercice des agents qui resteront se dégraderont immanquablement. Les relèves seront difficiles à organiser, et ce, d’autant que l’obtention de visas diplomatiques ou de service est devenue incertaine.
Cette mesure d’expulsion est une décision politique des autorités russes qui va frapper nos collègues sur le plan personnel et professionnel sans qu’une quelconque faute puisse leur être reprochée ; pour autant, elle ne doit pas se traduire par une sanction supplémentaire infligée par le département. Aussi, les agents exigent d’être rassurés sur les conditions de leur éventuel retour, notamment par la mise en place d’un avion spécial (affrété ou gouvernemental) et par la garantie qu’ils pourront normalement prendre leurs congés, congés dont ils ont déjà acquis les droits au cours de ces derniers mois déjà éprouvants. Ils demandent enfin des assurances que la DRH saura leur trouver une nouvelle affectation conforme à leurs vœux et leurs intérêts.
Lire le courrier que nous avons adressé au ministre et au Secrétaire général :
Les recrutés locaux en Russie sont également très inquiets puisque le classement de la France comme pays « inamical » pourrait avoir des impacts très néfastes sur leur situation professionnelle.
99 de nos collègues sont employés dans les services de la chancellerie et de ses services annexes, de la résidence, des consulats généraux et de l’Institut : 10 d’entre eux sont français.
Comme lors du CHSCT ministériel du 10 mars, la CFDT a demandé l’indexation des salaires en € et la prise en compte de l’inflation (déjà à deux chiffres en Russie). Les agents veulent être mieux tenus informés et associés aux décisions difficiles qui devraient être prises et ils veulent des garanties sur les conditions d’indemnisation appliquées dans l’hypothèse où la représentation française devrait mettre un terme à leurs contrats sous la contrainte des autorités russes. Ils veulent également avoir la possibilité d’être accueillis en France si leur situation se dégradait dangereusement.
2. Repartir en Ukraine… ou pas
Nos collègues servant en Ukraine avaient été rapatriés en deux temps, les derniers ayant quitté Kiev alors que la ville était en passe d’être encerclée, en convoi, dans des conditions dangereuses, sur un trajet parfois proche des zones de combat, en transitant par les pays voisins. Alors que l’ambassadeur était resté seul avec le COCAC et quelques agents à Lviv, le Département a décidé de rouvrir notre emprise à Kiev alors qu’un certain nombre de voix indiquaient que c’était prématuré.
Lors d’une réunion de dialogue social, la CFDT a insisté sur la responsabilité de l’Etat qui était engagée dans une telle entreprise et que le risque semblait élevé compte tenu des déclarations du maire de Kiev lui-même qui affirmait qu’il était trop tôt pour revenir. La DRH a admis qu’en effet, la responsabilité de l’Etat était engagée mais a rappelé que les agents étaient « volontaires » pour retourner sur place.
Nous avions demandé dans quelles conditions les agents effectueraient leur séjour sur place et à quelle échéance ils pourraient rentrer en France : l’aération des agents n’est pas garantie à intervalles réguliers dans la mesure où l’évolution de la situation est incertaine et l’organisation des convois très compliquée.
Pour la CFDT-MAE, compte tenu des conditions de vie et de travail hors-normes des collègues sur place, des aérations fréquentes sont indispensables.
Situation des agents expatriés … rapatriés
Le régime financier actuel est le même que celui appliqué au retour d’Afghanistan. Par ailleurs, ceux qui le souhaiteront pourront rompre leur établissement et se verront proposer une nouvelle affectation. D’autres sont repartis.
Selon l’administration, il n’est pas envisageable à ce stade d’organiser les déménagements, et il est trop tôt pour parler d’une indemnisation car Bercy indique qu’il faut une preuve que les biens ont été perdus et la destruction effective.
Situation des recrutés locaux
Certains sont restés sur place par obligation car ils sont mobilisables (les hommes ne peuvent pas quitter le pays), d’autres par choix mais un certain nombre (nous n’avons pas eu les chiffres exacts) sont en France et en Pologne et pourraient y rester selon la DRH. Nous comprenons que des « solutions » sont envisagées dans les prochaines semaines. Ce n’est pas très clair mais nous espérons comprendre que les postes des collègues seront maintenus et que la seule base de départ sera le volontariat.
La CFDT sera très vigilante sur la situation des recrutés locaux : ils ne doivent ni être mis en danger ni perdre leur emploi dans le contexte actuel.