Au début des années 1970, Stéphane HESSEL eut, avec d’autres diplomates, le courage de créer le syndicat CFDT du ministère des Affaires étrangères. Du courage, il en fallait alors pour s’afficher syndicaliste, l’action syndicale ne s’inscrivait pas du tout dans la tradition du Quai. Il fut de ceux qui choisirent l’intérêt général au risque de pénaliser leur carrière. Il contribua ainsi à rendre effectifs pour les agents du ministère leurs nouveaux droits, inspirés par le Programme du Conseil National de la Résistance (CNR).
La résistance, Stéphane Hessel s’y engagea dès 1940 en s’évadant, après avoir été fait prisonnier par l’armée allemande, pour rejoindre le Gouvernement de la France Libre à Londres. Il assura, au sein du Bureau central de renseignement et d’action (BCRA), la logistique des réseaux opérant en France. Arrêté à Paris par la Gestapo le 10 juillet 1944, il résista à la torture et s’échappa à deux reprises du camp de Buchenwald où il avait été transféré.
Stéphane Hessel fut avant tout homme d’engagement, car pour lui, seul l’engagement porte une responsabilité qui donne sens à la vie. Comme jeune diplomate, il assura le secrétariat de la commission « pour le progrès des droits de l’homme » de la toute nouvelle organisation des nations unies (ONU), dont les travaux dirigés par René Cassin aboutirent à l’adoption de la déclaration universelle des droits de l’homme le 10 décembre 1948. Il poursuivit tout au long de sa vie son engagement pour la promotion des droits de l’homme.
Il comprit très tôt les impasses de la politique coloniale française et s’engagea pour la décolonisation. Il découvrit alors l’Afrique, l’immigration, l’importance des questions de développement dans la relation Nord-Sud et préconisa à plusieurs reprises, sans être entendu, la création d’un véritable ministère du développement.
Elevé à la dignité d’Ambassadeur de France, par le Président François Mitterrand, il fut avec simplicité et sérénité l’infatigable ambassadeur d’une France éprise de liberté, ouverte aux cultures du monde et solidaire. Car tout autant qu’engagé, Stéphane Hessel fut aussi homme d’espérance en un monde plus juste. Cette espérance ne l’a jamais quitté, c’est ce qui fit sa force.
Son discours était porté par son expérience et c’est sans doute une des explications du succès de son livre témoignage Indignez-vous ! véritable appel à ne pas se résigner et à s’engager dans l’action*. S’engager pour les valeurs de liberté, de solidarité et d’équité qui lui étaient chères et qui sont celles de la CFDT, c’est une façon de rendre hommage à Stéphane Hessel.
Alors ne vous résignez pas et engagez-vous !
Jean-Pierre FARJON
* Lire ou relire la LDS 202 janvier 2011