Monsieur le Ministre,
Madame la Secrétaire générale,
Mesdames et Messieurs les Directrices et Directeurs,
Chères et chers collègues,
Tout d’abord Monsieur le Ministre, la CFDT tient à saluer votre présence au sein de cette instance formelle de dialogue social et ce, malgré la séquence politique actuelle. Notre organisation saisit l’occasion ainsi offerte pour vous remercier de votre engagement et de votre implication personnelle pour mettre un terme au projet de fiscalisation de nos indemnités de résidence à l’étranger.
Notre intervention d’aujourd’hui, en complément des revendications exprimées lors de notre rencontre du 8 novembre dernier, s’articulera en deux parties, la 1ère sur l’inquiétude et la stigmatisation ressenties par les agents publics et notamment ceux de votre administration face aux menaces qui pèsent sur leurs droits et la défense de leurs intérêts, leur rémunération, leurs emplois et les moyens alloués à notre Ministère et la seconde, sur le nécessaire rappel de nos revendications novatrices.
- Les agents du ministère ne doivent pas servir de variable d’ajustement budgétaire !
En effet, les mesures voulues par le gouvernement démissionnaire et contre lesquelles la CFDT-MAE s’est mobilisée en intersyndicale le 5 décembre dernier, sont pour nous autant de signaux négatifs envoyés aux fonctionnaires et aux agents contractuels de droit public. De surcroît, certaines comparaisons hasardeuses et parfois trompeuses, notamment avec le secteur privé pour les congés de maladie, ont pu choquer de nombreux collègues.
Et c’est dans ce contexte déjà peu favorable, que le projet d’imposition de nos IRE contenu dans l’amendement déposé par le sénateur Delahaye a suscité, comme vous le savez, une vive réaction et un émoi exceptionnel parmi l’ensemble des personnels du Département.
- Une profonde méconnaissance des conditions d’exercice de nos métiers et de nos conditions de travail
A cet égard, les motivations avancées par le Sénateur et la facilité avec laquelle l’amendement a été voté en première lecture, démontre une profonde méconnaissance des conditions d’exercice de nos métiers, de nos conditions de travail et de vie et de celles de nos familles à l’étranger. Les motifs fallacieux évoqués à l’appui de ce projet paraissent en effet bien éloignés de la réalité vécue par l’immense majorité des agents expatriés engagés au service de la France au sein des ambassades, des consulats et des Instituts français.
La CFDT-MAE ne baisse pas la garde et restera vigilante
La CFDT-MAE, dans le prolongement de la dynamique de sa campagne de mobilisation des élus de la République, ne baisse pas la garde et restera vigilante sur cette menace de fiscalisation qui n’a pu être écartée que grâce à la formidable mobilisation des agents du Ministère, relayée par leurs représentants, et au soutien et à l’engagement de nos autorités administratives et politiques.
- Le pouvoir d’achat demeure la priorité des agents
Alors que la question du pouvoir d’achat reste le sujet d’inquiétude principal des agents, aucune revalorisation du point d’indice n’est proposée en 2025. La CFDT-MAE rappelle que la dernière revalorisation de 1,5 % remonte au 1er juillet 2023, après celle obtenue de 3,5% en juillet 2022, à la suite de 5 années de gel et de deux hausses accordées en 2016 et 2017 de +0,6%, des augmentations certes bienvenues mais qui restent de très loin inférieures au taux d’inflation constaté durant la même période.
La CFDT-MAE appuie la mise en place de NAO pour la fonction publique
Afin de remédier à cette carence de compensation du coût de la vie, notre syndicat appuie la revendication de la CFDT Fonction publique de prévoir dans les ministères des négociations annuelles obligatoires (NAO) entre l’employeur et les représentants du personnel, qui portent notamment sur la rémunération, à l’image de ce qui se fait déjà dans le privé et chez certains de nos opérateurs comme, par exemple, Campus France.
- La CFDT-MAE demande le doublement de la participation financière du MEAE à la complémentaire santé !
Autre sujet, dans le cadre de la mise en œuvre de la protection sociale complémentaire, la CFDT-MAE vous a adressé, le 28 novembre dernier, un courrier intersyndical revendiquant la hausse de la participation financière du MEAE de 15 à 30 euros, à compter du 1er janvier 2025. En effet, doubler le forfait employeur ne constituerait qu’une simple mesure d’équité en faveur des agents du Département, par rapport aux autres agents de la fonction publique d’État dont beaucoup de ministères mettront en œuvre la réforme, dès le 1er janvier prochain, et bénéficieront ainsi d’une participation rehaussée de leur employeur.
Nous remercions ici votre administration, en réponse à notre courrier, d’avoir relayé cette demande auprès de la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), dont on attend désormais le retour.
- Une réduction du budget du MEAE prévue en 2025 et une augmentation des effectifs revue à la baisse
Le recours au vote d’une loi spéciale, qui devrait prolonger le budget de 2024, ne nous empêche pas de revenir sur le projet de loi de finances (PLF) 2025, aujourd’hui à l’arrêt.
Un « réarmement » la diplomatie française en perte de vitesse
La CFDT-MAE souhaite, tout comme vous, rappeler les annonces du Président de la République de « réarmement » de la diplomatie française : des crédits augmentés de 22% pour atteindre 7,9 milliards d’euros en 2027 et le renforcement des effectifs de +705 ETP sur la période 2024-2027.
Force est de constater que cette trajectoire haussière est en nette perte de vitesse depuis 2024, ce qui suscite de nombreuses inquiétudes et interrogations parmi les personnels.
Une ambition aujourd’hui contredite par la réalité
Ainsi, en février et juillet 2024, le MEAE a déjà fait l’objet d’annulations de crédits, de gels et de surgels pour un total de 871 millions d’euros, soit 12,5% du budget total du ministère. Et en 2025, le Département continuera d’être mis à contribution avec la diminution de -167 M€ de la mission « Action extérieure de l’Etat » (P105, 151 et 185) par rapport à la LFI 2024 et de -857 M€ pour l’aide publique au développement (P209), ce qui représente un total de plus d’un milliard d’euros de crédits en moins, hors titre 2.
Quid des effectifs en 2026 et 2027 ?
S’agissant de la programmation des effectifs, si effectivement l’objectif de création nette de +165 ETP prévu en 2024 a bien été respecté, à l’inverse la cible fixée de + 150 ETP pour 2025 a été divisée par deux avec seulement 75 créations nettes inscrites au PLF.
Et pour les deux années suivantes, le Département pourrait bénéficier de 100 nouvelles créations nettes en 2026 et 100 autres en 2027 en lieu et place des 200 créations prévues pour chacune de ces deux années. Cela est-il exact et quelle assurance a-t-on de tout cela ?
- Des locaux syndicaux réduits de moitié !
Enfin, s’agissant des locaux alloués aux syndicats, chargés de la représentation et de la défense des droits et conditions de travail des agents du ministère, vous l’avez rappelé, la CFDT-MAE refuse de valider le projet actuel de déménagement, initié sans aucune concertation, qui prévoit de baisser de -50% la surface actuelle des locaux syndicaux et, en ce qui concerne plus particulièrement la CFDT-MAE, de réduire de 7 à 2 le nombre des bureaux du syndicat et de diminuer de -58% la surface qu’il occupe en m2. Quelle logique de dialogue social existe-t-il derrière tout cela ? S’agit-il d’obérer la capacité des organisations syndicales à agir en faveur des agents au profit d’associations ou de structures plus souples et moins revendicatives ?
Nous espérons que le dialogue qui a enfin débuté, depuis le mois dernier, sera l’occasion de prendre en compte, à la fois des bureaux en nombre suffisant au regard de nos effectifs mais également nos besoins propres en espaces de travail permettant de recevoir individuellement et en toute confidentialité les agents, d’échanger avec nos militants à distance ou en présentiel sur des dossiers parfois lourds et sensibles tout en respectant la sécurité et la protection des données syndicales, et enfin en prévoyant des salles de réunion dédiées à la préparation des instances formelles de dialogue social.
• Des revendications novatrices de la CFDT laissées sans réponse
Comme annoncé en introduction, la CFDT-MAE souhaitent à présent revenir sur un certain nombre de revendications novatrices qu’elles portent et pour lesquelles nous souhaiterions obtenir des réponses précises de l’administration.
Le télétravail à l’étranger
Alors que cette modalité de travail existe partout dans le monde, notre organisation demande que le télétravail à l’étranger, négocié localement dans les postes qui le souhaitent, soit autorisé pour tous les agents ;
La compensation des astreintes à l’étranger
De même, il apparait désormais indispensable de prévoir la compensation des astreintes et des interventions effectuées par nos collègues à l‘étranger comme cela est déjà le cas à l’administration centrale.
La semaine en 4 jours
S’agissant de la semaine en 4 jours dont la CFDT-MAE regrette que l’administration ait choisi de surseoir à l’expérimentation, sur la base d’un constat pourtant sans surprise, nous demandons à ce que cette mesure soit réellement testée et négociée avec les organisations syndicales.
Le congé de santé gynécologique
En matière de santé féminine, nous souhaitons que l’administration mette en place un congé de santé gynécologique pour toutes les agentes souffrant de règles douloureuses ou de pathologies gynécologiques.
Statut particulier des agents diplomatiques et consulaires
Et dans le cadre de l’agenda de transformation du ministère, la CFDT-MAE réitère sa demande d’étendre le champ d’application du statut particulier des agents diplomatiques et consulaires aux adjoints de chancellerie ;
Le droit à un socle commun des conditions de travail des recrutés locaux partout dans le monde
Enfin, nous rappelons également notre revendication d’un accord majoritaire négocié pour les conditions de travail, les parcours professionnels, la rémunération et la protection sociale des plus de 8 000 recrutés locaux qui travaillent au sein des ambassades, consulats et Institut français à travers le monde.
Au nom de la CFDT-MAE, je vous remercie./.