La CFDT-MAE lit dans la note présentée par l’administration concernant la protection sociale et plus précisément la situation dans les EAF : « la situation risque de nuire à la réputation de nos instituts à l’étranger ».
La CFDT remercie l’administration pour l’effort financier fait… mais cependant la CFDT-MAE souhaite rebondir sur cette phrase qui nous interpelle et pour vous interroger sur la question du coût-vie d’une part, et sur les revalorisations salariales d’autre part, dans des pays où l’inflation est si importante que les collègues ne s’en sortent pas ! Je parle plus précisément de la Turquie et du Kazakhstan mais beaucoup d’autres pays sont concernés… où les collègues nous alertent régulièrement ou des pétitions sont faites, des courriers envoyés, des interventions en réunions de dialogue social, en vain… l’administration reste sourde et muette…
La revalorisation du cadre salarial n’intervient que lorsque “l’administration constate un décrochage par rapport aux pratiques salariales des autres missions diplomatiques et consulaires représentées dans le pays d’accueil”. La CFDT-MAE rappelle son opposition totale à cette gestion par le MEAE des recrutés locaux et demande une gestion par anticipation sans attendre que les autres pays ne fassent évoluer leur propres conditions de rémunération. Cette gestion ne permet pas à notre ministère, et donc à nos postes, de conserver certains profils d’agent car les conditions salariales peuvent, parfois, être inférieures au marché local.
Dans la note présentée vous parlez de réputation il faut aussi parler de démission, de difficulté de recrutement mais aussi de dignité surtout lorsque l’on apprend que certains de nos collègues ADL sont obligés de prendre un deuxième travail car le salaire qui leur est versé par l’Ambassade de France est insuffisant à les faire vivre ! vous ne pensez pas que là aussi, il y va de notre réputation !
Au Kazakhstan, au cours du dernier trimestre, trois agents ont démissionné car ils ont trouvé des emplois mieux rémunérés dans d’autres missions diplomatiques ou dans le secteur privé.
Cela pose des problèmes concrets au poste en termes de recrutement car l’apprentissage du français est en recul dans ce pays et les possibilités d’embaucher des agents francophones sur place sont de plus en plus restreintes.
Et que dire dans un pays où le coût-vie donné à nos collègues ADL n’est pas le même selon que l’on travaille à l’Institut français ou à l’Ambassade : est-ce un bon moyen de motivation de nos agents et est-ce le bon moyen pour donner du sens à leur travail ? on peut en douter…
Oui bien sûr, les EAF doivent prendre dans leur budget propre… nous connaissons la règle ! Mais nous pensons qu’en période de crise économique dans de très nombreux pays, l’administration ne peut pas rester sans rien faire face aux demandes de nos collègues et la CFDT demande donc à l’administration de faire un geste vis-à-vis des recrutés locaux qui font partie des agents les plus fragiles ! Et si le coût-vie ne peut être versé, dans ce cas faciliter au moins la procédure pour la revalorisation des cadres/grilles salariaux de manière conséquente… pour que les agents ne soient pas perdants notamment ceux travaillant dans nos instituts français.
La CFDT-MAE tient à rappeler à l’administration que même si les EAF sont à autonomie financière cela signifie qu’ils ne sont pas, contrairement aux établissements publics, dotés de la personnalité morale.
Donc leur employeur est bien L’État.
Les recrutés locaux des EAF sont, comme leurs collègues du réseau diplomatique et consulaire, des agents de l’État qui exercent leur fonction dans un établissement soumis au décret de 1967.
Pour poursuivre sur la question de la revalorisation salariale, deux exemples concrets :
L’exemple de la Turquie
L’inflation en Turquie a atteint des records sous l’effet cumulé du séisme de février 2023 et des dépenses/cadeaux faits pour les élections présidentielles dans ce pays. Le résultat, c’est une explosion des prix…
Au total, en cumulé et sur la même période, les prix ont ainsi augmenté de 145,9 %. En effet, les prix de consommation ont enregistré des hausses significatives entre 2021 et 2023, comme par exemple, les prix de l’alimentation qui ont bondi de 192,8 %, ceux du logement de 141,9 %, de la santé de 142,6 % et des transports de 158,8 %.
Entre la date de la dernière revalorisation exceptionnelle des ADL de cette ambassade (janvier 2021) et février 2023, même en se basant sur les statistiques officielles de l’inflation, un salarié en Turquie, même payé en euro, a subi une perte considérable de son pouvoir d’achat.
Nous savons que le Chef de poste a soutenu la demande des agents, et alors que le Service économique a obtenu des revalorisations importantes de +18 % (Ankara) et +23 % (Istanbul), nos collègues demandent une revalorisation aussi importante afin qu’il n’y ait pas de discrimination entre les agents.
L’exemple de Londres
La revalorisation du cadre salarial est une mesure appréciée qui permet un rattrapage mais ne compense pas l’inflation galopante au Royaume-Uni. Nous ne trouvons plus de personnel à recruter. Trois postes sont désespérément vacants chez Business France, qui offre les mêmes salaires que l’ambassade, uniquement pour des raisons salariales. Des candidats se manifestent et se désistent lorsqu’ils apprennent le salaire proposé.
Certains jeunes collègues déménagent pour avoir plus loin du centre un logement de même confort à un prix qu’ils peuvent payer, il faut compter la moitié du salaire pour se loger à Londres, ce qui les éloigne de l’ambassade et du consulat. D’autres trouvent mieux ailleurs sur un marché de l’emploi particulièrement tendu.
Nous avons conscience que la masse salariale des ADL à Londres est importante. Mais ne perdons pas de vue que c’est l’un des partenaires privilégiés de la France, l’un de ses grands voisins, avec lequel nos relations sont intenses. (Qui dit relations intenses dit visites, dit notes de cadrage, organisation de missions, réceptions, déplacements…) Et puis c’est beaucoup de Français qui doivent tous avoir un passeport pour vivre au Royaume-Uni. Et beaucoup de visas, en fait le plus gros poste en matière de délivrance de visas. Et que toute cette activité, particulièrement importante pour l’économie française, ne se fait pas toute seule.
Le mot grève n’a été encore que peu évoqué. Il est de tradition en Angleterre d’explorer toutes les voix de dialogue avant d’appeler à la grève. Mais en cas de blocage, les grèves sont très suivies et fort bien organisées. Dans le cas du consulat, l’effet serait particulièrement regrettable. (Contexte de report de la visite du roi en France à cause des grèves…) On n’imagine pas que le Département ne se prémunisse pas d’un tel risque en refusant d’accorder un coût-vie exceptionnel à Londres.
Pour la CFDT-MAE, le non-cumul de la revalorisation et du cout-vie, n’est pas une règle administrative mais une habitude des temps anciens lorsque l’inflation était contenue. Il convient de faire évoluer cette habitude pour que les situations particulières, comme à Londres comme en Turquie, comme au Kazakhstan et dans tous les pays où cette question se pose, soient prise en compte.
La situation de nos collègues en Égypte :
La CFDT-MAE ne saurait terminer ce point sans faire mention d’une information de dernière minute qui nous vient des collègues en poste en Égypte.
En effet, nos collègues viennent de nous alerter sur le coût-vie de 4% qui vient de leur être accordé !
Les agents s’opposent farouchement à ce coût-vie qui ne correspond pas du tout, mais alors pas du tout à la réalité de la vie en Égypte. Avec une dévaluation de la Livre égyptienne qui a fait perdre pratiquement 50% de la valeur de leurs salaires aux ADL, cette mesure est totalement inacceptable pour les agents.
La Ministre a signalé dans son discours hier que l’administration travaillait à un meilleur accompagnement des agents. Pour les agents en Égypte, il est clair qu’il faut corriger cette injustice !
Dans le cas contraire, les collègues comptent manifester leur mécontentement par une grève lors de la visite de la Ministre, prévue fin juillet.