Le troisième lundi de janvier est, nous dit-on, « le jour le plus déprimant de l’année ». Sur la planète consulaire, on oscille depuis bien des mois entre crise de nerfs ouverte et résignation feutrée.
L’exercice de préparation des deux élections du printemps prochain (présidentielle et législative) est un irritant qui a accompagné nos collègues bien au-delà de la Saint Sylvestre et apparait représentatif d’une tendance devenue schizophrène : l’administration demande aux postes de mettre en musique le mode de scrutin « par correspondance », tout en leur conseillant de… dissuader les électeurs de choisir cette option !
En d’autres termes, l’art de vouloir résister aux pressions d’élus en quête du moindre espoir de voix, tout en cédant à leur pression. Qu’il s’agisse de 20 votes ou de 200, la charge de travail (création d’un bureau dédié, vérifications des signatures, décompte) demeure -quasiment- la même pour, souvenons-nous de 2012, des taux de vote nuls voisins de 50%. Même la Cour des Comptes a épinglé ce système manuel, chronophage et couteux sans réelle valeur ajoutée.
La direction des Français à l’étranger n’est clairement pas en cause : elle n’est en l’occurrence que victime de choix effectués « aux étages supérieurs » par des décideurs à œillères qui méconnaissent la réalité du terrain.
Oui, mais.
Par effet-miroir, ce « retour au papier » souligne les limites de l’engouement affiché par ailleurs pour la dématérialisation et le corollaire des réductions d’effectifs.
A ne se centrer que sur les ETP gagnés grâce aux progrès techniques, on a atteint des limites difficilement tenables. Il faut tordre au plus vite le cou au mantra mensonger et manipulatoire de la simplification et de la dématérialisation, cette formule magique qui veut faire croire que les saisies en lignes se gèrent toutes seules, sans agents traitants de l’autre côté des fils de cuivre, et au nom de laquelle on rabote les effectifs.
Le Registre en ligne, ou la « pré » saisie des données passeport et CNIS, ne font pas gagner de « temps agent », tant elles demandent de contrôles et de corrections a posteriori ; elles ne suppriment que du contact humain, celui du service (au) public.
Il n’y a pas d’amélioration du fonctionnement, tant vantée lors des réunions de l’Assemblée des Français de l’étranger : il y a, en lieu et place, une modernisation en peau de lapin façon Uber qui à terme est ravageuse. Et personne, au-delà des agents consulaires ne semble vouloir arrêter la casse, ou au minimum s’y intéresser.
La CFDT-MAE, qui est systématiquement intervenue sur le sujet en CTM ou lors de réunion bilatérales, souhaite, sans attendre les échéances politiques à venir :
– que le Département revienne sur ce discours trompeur en matière d’emploi,
– qu’il énonce clairement à ses partenaires (Matignon, Intérieur, Bercy, mais aussi les députés et sénateurs) les impossibilités à mettre en œuvre ces fausses bonnes idées,
– qu’il s’attache à une vraie dématérialisation, avec l’usager au centre de l’attention, et
– qu’il témoigne d’un soutien réel et effectif aux agents qui, en poste, sont en première ligne.