Les réactions au récent document du groupe Marly (“la diplomatie française n’est plus qu’un chateau de sable”, Le Monde daté du 24 juin 2011), conduisent la CFDT-MAE à intervenir dans le débat, au-dela de ses divergences avec le groupe, très composite, des “Marly”. Elle s’interroge en particulier sur les ressorts du vibrant plaidoyer pro domo auquel le Ministère s’est livré (déclaration du 24 mai), au point de se demander si les inspirateurs des propos du porte parole connaissaient véritablement l’état de leur propre outil de travail ou s’ils n’avaient pas fait le choix d’en travestir les sombres réalités.
Sans entrer dans le détail technique, quatre constats objectifs sont en effet à rappeler ici :
- Le Ministère perd chaque année des centaines d’emplois, au nom d’un tribut à payer à la logique comptable, aveugle et idéologique d’une nouvelle RGPP que rien ne parait pouvoir rassasier un jour. Des centaines d’emplois, c’est à la fois dérisoire pour le budget de l’Etat, et colossal pour un Ministere aussi réduit que le MAEE.
- Le choix d’un Établissement Public Industriel et Commercial pour porter les missions culturelles du pays tourne, effectivement, le dos au passé, pour mieux épouser, dès le 1er janvier 2012, la nouvelle idéologie de l’externalisation, ce qui pour l’Etat signifie ipso facto l’enclenchement d’un processus de privatisation.
- L’engagement de la France en matière d’APD ne cesse de se rétracter, il suffit pour s’en apercevoir de lire les courbes de ses montants depuis bien des années, au lieu de déployer, en vain, des trésors de créativité de présentation pour chercher à masquer ces tendances.
- Le réseau consulaire est doublement écrasé : par le gouffre entre les assurances données depuis Paris à nos compatriotes que tout leur sera prodigué à l’étranger et la réalité pratique des moyens de cette assistance; et, pour 2012, par les préparatifs logistiques considérables des élections présidentielles et, innovation qui vaut aux Consulats une pression parfois démesurée, celles des députés des Français de l’étranger.
La CFDT-MAE n’invente rien, elle aimerait volontiers partager le constat d’une diplomatie “vivante, soudée, qui a retrouvé de l’allant et une capacité à être une force de proposition”. Seulement voilà, année après année, elle relève au fil des comités techniques paritaires, des groupes de travail, des lois de finances, des réunions avec les ministres, des auditions au Parlement, la confirmation de ses analyses et de celles de récents forums d’expression. C’est bien cette réalité qui s’impose aujourd’hui, bien plus que les postures communicantes, un rien condescendantes et manipulatoires, sur le ” mouvement ” qui serait à l’œuvre au MAEE. Les vicissitudes de nos récents “mouvements”, nos aveuglements, tétanies, impuissances, et autres risques d’enlisement devraient au demeurant inciter à la prudence sur le recours a ce vocable.
En réalité, l’étranglement continu du Quai conduit à se demander si tout cela ne résulte pas de la volonté de mettre en quelque sorte le château, déjà passablement décati, définitivement sur le sable….