Cette figure majeure de la CFDT s’est éteinte le 14 mai 2025, à l’âge de 100 ans, laissant derrière elle un héritage durable dans la lutte pour l’égalité, l’émancipation et la justice sociale.
Jeannette Laot fut à la fois une pionnière du féminisme engagée au service des travailleuses et du collectif de travail et une militante convaincue de la lutte pour le droit des femmes (avortement, contraception). Au sein de la CFDT, elle deviendra l’une des première femmes à occuper un poste-clé en intégrant la commission exécutive en 1970, avec l’appui d’Edmond Maire, et y restera jusqu’en 1981.
D’un engagement chrétien vers un syndicalisme laïc et réformiste
Catholique pratiquante, elle est embauchée en 1948 comme ouvrière à la manufacture des tabacs de Morlaix et y créé la section syndicale CFTC avec l’aide de militants rencontrés à l’Action catholique ouvrière. Devenue secrétaire générale de la Fédération nationale de la société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes (SEITA), elle intègre le Conseil confédéral de la CFTC en 1963, après être entrée à la Commission féminine confédérale en 1961.
Active et proche du courant « Reconstruction« , Jeannette Laot participe à la déconfessionnalisation du syndicat, qui devient par un vote majoritaire en 1964 la Confédération française démocratique du travail (CFDT). En 1970, elle rejoint la commission exécutive de la CFDT où elle est notamment chargée des conditions de travail et des femmes.
Une voix féministe au sein du syndicalisme cédétiste
Jeannette Laot est l’une des premières militantes en France à avoir impliqué son organisation syndicale dans le mouvement féministe dans les années 1960 et 1970. Proche du Mouvement français pour le planning familial (MFPF), elle s’engage dans la lutte pour le droit à la contraception et à l’avortement et devient de 1973 à 1975 vice-présidente du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC).
Une conseillère politique engagée
En 1981, elle devient conseillère de François Mitterrand et suit pour lui les travaux du ministère du Travail et du ministère des Droits des femmes jusqu’en 1986. Elle est nommée inspectrice générale des Postes, télégrammes et téléphones (PTT) en 1986, poste qu’elle occupe jusqu’à sa retraite en 1990.
L’œuvre d’une vie
Jeannette Laot est l’auteure de l’ouvrage « Stratégie pour les femmes« , publié en 1977, où elle expose ses réflexions sur la manière dont les femmes peuvent et doivent organiser leur action collective.
Son influence significative sur le mouvement syndical aura inspiré de nombreux militants et militantes de la CFDT.