Les principales mesures prises pour l’emploi en 2009 ont été reconduites. Mais pas celles pour le pouvoir d’achat des plus modestes, dans un contexte de “redressement des finances publiques”.
Le rendez-vous des partenaires sociaux avec le chef de l’État a débouché sur un bilan mitigé. Organisé dans un contexte peu propice, avec la crise grecque et les annonces de gel des dépenses de l’État pour les 3 ans à venir, le Sommet social a donné lieu à une série d’annonces en matière d’emploi.
L’exonération de charges sociales pour l’embauche dans les entreprises de moins de 10 salariés, qui avait donné lieu à des effets d’aubaine, n’a pas été reconduite. Censé avoir permis de créer 1 million d’emplois depuis début 2009 – pour un coût de 800 millions d’euros –, le dispositif « zéro charges » pourrait à l’avenir être orienté sur des « publics spécifiques », comme les seniors.
La CFDT entendue sur l’emploi.
A contrario, l’Élysée a annoncé la reconduction des mesures prises en 2009 pour l’emploi, comme l’avait réclamé le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, lors de son intervention au sommet social. Les aides en faveur de la formation des jeunes en alternance, qui devaient s’arrêter fin juin, seront prolongées jusqu’à la fin de l’année. De même, les mesures de soutien au chômage partiel (APLD) et à la reconversion des licenciés économiques (CTP, CRP) seront maintenues. Le président de la République a accepté « qu’on expérimente sur plusieurs bassins d’emploi la possibilité de faire bénéficier les salariés précaires, qu’il s’agisse de fin d’intérim ou de CDD, de l’accompagnement renforcé proposé dans le cadre du contrat de transition professionnelle ». Une demande formulée dès le premier semestre 2009 par la CFDT. Le rôle du fonds d’investissement social (Fiso) a par ailleurs été conforté. Le chef de l’État semble enfin avoir entendu la demande de la CFDT de prendre des dispositions pour faire cesser une « politique d’exclusion des seniors » pratiquée dans de trop nombreuses entreprises via les plans de départ volontaires. Les ministres du Travail, de l’Économie et de l’Emploi ont été invités à faire des propositions en ce sens.
Effort financier supplémentaire
En revanche, les mesures exceptionnelles d’aide au pouvoir d’achat des ménages les plus modestes ne seront pas reconduites, au nom du « redressement de nos finances publiques », a indiqué Nicolas Sarkozy, qui s’est défendu de toute politique de rigueur, lui préférant le vocable de « politique responsable ». Seul geste concédé face aux organisations syndicales, CFDT en tête, qui réclamaient la remise en cause des mesures de la loi TEPA (travail, emploi, pouvoir d’achat) et en particulier de la défiscalisation des heures supplémentaires au nom de la justice sociale, le chef de l’État a annoncé une réforme des retraites qui « renforcera l’équité du système par un effort financier supplémentaire des hauts revenus et des revenus du capital ». Une première encoche au dogme fiscal, qui demeure insuffisante. « L’ombre de la rigueur que personne ne veut nommer planait sur ce sommet social, a commenté François Chérèque à l’issue de la réunion. Les premiers à en faire les frais sont les plus modestes dans notre pays. Tout cela augure mal des discussions que nous aurons dans les semaines qui viennent tant sur le budget de l’État que sur les retraites.
Raison de plus « pour réussir la journée d’action du 27 mai à l’appel de l’intersyndicale », a conclu le secrétaire général de la CFDT. L’occasion de peser pour l’emploi, le pouvoir d’achat et les retraites.