Pourquoi la CFDT-MAE très critique sur le projet gouvernemental AP 2022, n’appelle cependant pas à la grève le 22 mars
Chère, cher collègue,
Vous êtes nombreux à vous poser – légitimement – la question ; voici notre position, débattue et arrêtée lors du conseil syndical des 12 et 13 mars derniers. Le sujet fait l’objet de débats riches et ouverts au sein des diverses instances et fédérations de la CFDT ; il n’est ni clos, ni gelé et laisse ouvertes toutes les options lors des prochaines étapes.
– Sur « Action publique 2022 » : nous sommes convaincus qu’il ne s’agit là que de la RGPP décomplexée et sur une plus grande échelle. Dégonfler les effectifs sans définir à l’avance les missions est une incohérence fondamentale…ou un aveu de politique uniquement comptable.
– Sur la méthode du gouvernement depuis l’automne : nous l’estimons brutale. Elle bouleverse des principes qui nous sont chers sans pour autant rien apporter de novateur que sa confusion. Les règles de base du dialogue social sont au mieux bouleversées, au pire mises en péril.
– Ballon d’essai ou passage en force ? : un peu des deux sans doute. Sous couvert de modernité, on continue à faire du neuf avec du vieux, alors qu’il serait temps selon la CFDT-MAE de tirer les enseignements des réformes passées ou en cours, avant d’en initier de nouvelles.
Il est donc clair pour nous qu’une grande remise à plat s’impose afin de construire véritablement, et sans biais idéologique, le Service public que les citoyens attendent.
Alors donc, quid d’une intersyndicale ce 22 mars ?
– La tentation était grande dans ces conditions de se joindre à un mouvement « pour défendre les missions publiques, l’emploi et le pouvoir d’achat ». L’intitulé, cependant, est à la fois trop général et trop particulier. Le tract de l’intersyndicale MAE qui circule actuellement nous paraît confondre intérêts catégoriels et revendications d’ordre structurel. Si c’est le Service public qu’il faut défendre, ce n’est pas par le prisme réducteur de l’IRE ou du temps de séjour qu’il faut l’aborder.
– Le moment en lui-même ne nous paraît pas optimal : rejoindre un mouvement qui, à l’instar de celui du 10 octobre dernier (2 % de grévistes recensés), risque d’être peu suivi sur les actuels mots d’ordre, ouvrira un boulevard au gouvernement et permettra aux médias de nous décrédibiliser encore plus. Mais il nous faut absolument être prêts à nous mobiliser si nous ne sommes pas entendus ou si les menaces sur les fondamentaux se confirment.
– La quinzaine choisie est en outre celle où nous allons, à différents niveaux, rencontrer l’administration pour savoir ce qu’elle souhaite réellement « mettre sur la table ». Il nous paraît essentiel de conserver notre pouvoir de vigilance et notre liberté de ton, tout en échangeant avec elle pour éclaircir le paysage.
La CFDT-MAE estime donc, à ce stade, que nous avons des propositions à porter lors des discussions qui s’ouvrent et qu’il nous faut nous concentrer sur elles. Elle n’hésite cependant pas à assurer ses militants et sympathisants que la manifestation et la grève ne sont pas pour elle des tabous ; elles sont des leviers, parmi d’autres, de l’action syndicale, leviers qu’elle n’hésitera pas à utiliser lors de mobilisations à venir si le gouvernement devait persister dans ses vues.
Commission « subventions » du 8 février 2018 : l’action sociale vue du côté nantais
Le 8 février dernier s’est tenue à Paris et en visio-conférence avec Nantes une commission « subventions », commission qui est consultée chaque début d’année en amont du comité d’action sociale (CAS).
Cette commission thématique examine les demandes de subvention présentées par les associations du MEAE ainsi que la demande de contribution de l’Etat employeur faite par la Mutuelle des affaires étrangères.
La réunion est présidée par la directrice des ressources humaines (DRH), accompagnée de la déléguée pour la politique sociale (DPS), de la cheffe du pôle comptabilité de la DPS et de la responsable nantaise de la DPS. La CFDT est représentée par Brigitte DINE, Wilfrid ROUYER et Patrick RATSITO.
La CFDT demande une augmentation de la subvention de l’ASCAEN
En séance, la CFDT appuie la demande d’augmentation de la subvention dont bénéficie l’ASCAEN, que l’association sportive et culturelle de Nantes souhaite voir relever de 53 000 à 55 000 euros. La CFDT fait notamment valoir son dynamisme et son caractère bénévole ainsi que les nouvelles activités proposées et souligne, en particulier, le montant bien inférieur de la subvention accordée à l’ASCAEN par rapport à l’association parisienne lorsque celui-ci est divisé par le nombre d’adhérents.
La DRH répond que les contraintes budgétaires s’appliquent à tous, y compris aux associations et que la subvention à l’ASCAEN a déjà progressé entre 2016 et 2017 (de 50 000 à 53 000 euros).
Les rapports d’activité des associations doivent être consultables à Nantes
La CFDT intervient également pour réclamer qu’au moins une partie des dossiers complets déposés par les associations, qui sont consultables dans les bureaux de la DPS à Paris, puisse également l’être à Nantes. Devant la réticence de l’administration, la CFDT suggère que le rapport d’activité versé au dossier de demande de subvention par les associations le soit en double, afin de permettre qu’un exemplaire soit envoyé par la navette à la DPS à Nantes.
De cette réunion, on peut retenir qu’aucune des demandes d’augmentation du montant de la subvention présentée par les associations n’a été accordée.
Avenir du réseau de l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) – Lettre à l’Élysée du 9 mars 2018
La CFDT-MAE souhaite relayer la démarche intersyndicale de nos camarades du syndicat SGEN-CFDT étranger, particulièrement inquiets quant à l’avenir de l’enseignement français à l’étranger.
Le vendredi 9 mars, les organisations syndicales de l’AEFE : le SGEN-CFDT, le SNES-FSU, le SNUipp-FSU et l’UNSA Éducation ont adressé au conseiller diplomatique du président de la République une lettre commune pour exiger une concertation préalable à toute réforme de l’enseignement français à l’étranger et de son opérateur public.
La CFDT-MAE, tout comme le SGEN étranger, ne prône pas l’immobilisme. Toutefois, pour qu’une réforme de la présence éducative française à l’étranger puisse être réussie, il est absolument nécessaire qu’elle s’inscrive dans le cadre d’un dialogue social sincère et de qualité associant la totalité des acteurs.
Indemnités journalières de mission – certains postes discriminent encore les recrutés locaux…
A la suite d’une intervention en date du 20 décembre 2016 auprès de la directrice générale de l’administration et de la modernisation, la CFDT-MAE avait permis de mettre un coup d’arrêt à une pratique illégale, mais hélas très répandue au sein de nos réseaux diplomatique, consulaire et culturel, qui consistait à indemniser moins favorablement les agents recrutés locaux par rapport à leurs collègues expatriés lors des missions qu’ils effectuaient.
L’intervention de la CFDT avait été suivie d’instructions de la part de l’administration en direction des postes pour que cette pratique cesse « dans les meilleurs délais et, en toute hypothèse, avant la fin de l’année 2017 ».
Pourtant, certains postes ont fait le choix de faire fi de la réglementation et des instructions du ministère pour mettre en place des stratégies de contournement et ainsi éviter d’avoir à indemniser comme il se doit nos collègues recrutés locaux. Dans ces postes, des paniers repas sont proposés au cas par cas et des indemnisations à géométrie variable sont versées lors des missions à l’intérieur du pays ou en France.
Pour la CFDT-MAE, ces agissements sont inacceptables et il convenait, une fois de plus, de les dénoncer. C’est ce qu’a fait la CFDT-MAE le 26 février 2018. Espérons que l’administration centrale arrivera, enfin, à se faire entendre des postes…
La prévention des violences sexuelles et sexistes au travail
Le 23 janvier 2018, la CFDT a organisé, sur le site de Convention, une Heure mensuelle d’information (HMI) sur un thème sensible, la prévention des violences sexuelles et sexistes sur le lieu du travail. Une trentaine d’agents ont assisté à cette réunion, parmi lesquels plusieurs acteurs de la prévention des risques au ministère.
Animée par Christophe Dague, secrétaire général de l’Union départementale de Paris de la CFDT, ainsi que par deux permanentes de la CFDT-MAE, Anne Colomb et Denise Dariosecq, cette rencontre s’inscrivait dans la prévention des risques professionnels au Département. Elle avait pour objectif de préciser aux agents les notions en cause et de leur fournir des outils de prévention et de réaction face à ces risques.
Un quiz pour clarifier les notions
La réunion a débuté par un quiz qui a permis aux participants de clarifier les notions de harcèlement sexuel, agression sexuelle, viol, ainsi que d’agissements sexistes.
Loi du 6 août 2012 : « I.- Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.
II.- Est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers. »
Le harcèlement sexuel est puni de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende, de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende en cas de circonstances aggravantes. Parmi les circonstances aggravantes, on relève le fait, pour une personne, d’abuser de l’autorité que lui confèrent ses fonctions.
Un délit d’agression sexuelle est plus sévèrement sanctionné que le harcèlement sexuel : 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende, voire, en cas de circonstances aggravantes, 7 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende ou 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.
Art 222-22 du Code pénal : « constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise ». La jurisprudence précise que les agressions sexuelles concernent des attouchements imposés sur 5 parties du corps : fesses, seins, sexe, cuisses et bouche.
Le viol est un crime puni de quinze ans de réclusion criminelle, hors circonstances aggravantes.
Art 222.23 du Code pénal: « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise » est un viol.
Les agissements sexistes sont, depuis 2017, prohibés dans le statut général des fonctionnaires : « Aucun fonctionnaire ne doit subir d’agissement sexiste, défini comme tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant » (Art 6 bis de la loi n° 83-634 portant droits et obligations des fonctionnaires).
Les agissements sexistes sont passibles de sanctions disciplinaires et, selon la nature de la situation, de possibles sanctions pénales.
Le quiz a également permis de rappeler la différence importante entre la séduction, qui suppose consentement et réciprocité et le harcèlement sexuel qui ne fait aucun cas de la gêne, du malaise ou du refus de l’autre. Enfin, le constat a été fait que dans le milieu du travail, les freins à la libération de la parole restent très puissants, d’où l’importance des mesures de prévention.
L’obligation de prévention
La 2ème partie de la rencontre a insisté sur l’importance de la prévention. Elle s’impose à l’administration, le Guide de prévention et de traitement des situations de violences et de harcèlement dans la fonction publique produit par la DGAFP étant explicite : « Afin de prévenir le risque de la survenue de situations de harcèlement et de violences, les administrations sont tenues de mettre en œuvre des mesures de prévention qui permettent, soit d’éliminer en amont le risque de manifestation de ces situations, soit de donner aux agents les outils nécessaires pour réagir efficacement s’ils en sont victimes ou témoins ».
La CFDT-MAE a inscrit un point spécifique sur le sujet au CHSCT ministériel de décembre 2017. Elle a demandé qu’un dispositif renforcé de prévention soit mis en place et que des sanctions soient prises si de tels faits étaient commis. En effet, c’est encore aujourd’hui après l’alerte sur une situation de ce type que les choses se compliquent, à savoir les décisions de l’administration pour reconnaître la victime et lui porter assistance, et les sanctions contre l’auteur des faits s’ils sont avérés. La CFDT demande donc que soient mises en place les actions de sensibilisation de tous les agents et la formation obligatoire des encadrants. Elle se félicite des annonces du Ministre qui vont dans ce sens, en particulier l’amélioration des systèmes d’alerte et l’intégration à venir d’une référente chargée du harcèlement (moral et sexuel) dans le dispositif du déontologue.
Les recours des victimes
Lorsque la prévention primaire a échoué et qu’un agent est victime de violences sexuelles ou sexistes, quelles sont les actions à entreprendre ?
La CFDT a tout d’abord rappelé les droits et les outils dont disposent les victimes :
- La protection fonctionnelle
Mise en œuvre par l’administration, la protection fonctionnelle vise à protéger et assister les agents victimes d’une infraction dans le cadre de leurs fonctions.
Le principe de la protection fonctionnelle est posé par l’article 11 de la loi du 13 juillet 1983, dont le premier alinéa dispose que : «Les fonctionnaires bénéficient, à l’occasion de leurs fonctions, d’une protection organisée par la collectivité publique dont ils dépendent, conformément aux règles fixées par le Code pénal et les lois spéciales […]. La collectivité publique est tenue de protéger le fonctionnaire contre les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne, les violences, les agissements constitutifs de harcèlement, les menaces, les injures, les diffamations ou les outrages dont il pourrait être victime sans qu’une faute personnelle puisse lui être imputée. Elle est tenue de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté». La liste n’est pas limitative, et la loi du 8 août 2016 a ajouté les agissements sexistes aux risques contre lesquels il faut protéger les agents, au même titre que contre les harcèlements.
Dès que la victime en fait la demande et que les conditions sont remplies, l’administration employeur est tenue de la mettre en œuvre, sous peine de voir en cas d’inaction sa responsabilité engagée.
En d’autres termes, dès lors, l’octroi de la protection entraîne l’obligation pour l’administration, dès qu’elle a connaissance des faits de harcèlement, de mettre en œuvre, sans délai, tous les moyens de nature à faire cesser ces agissements. Dans ces conditions, il lui appartient d’engager des poursuites disciplinaires à l’encontre de l’auteur du harcèlement, de l’éloigner de l’agent victime, et de rétablir l’agent dans ses droits au sein des services, s’il en a été privé par l’effet des actes de harcèlement. Elle pourra également, le cas échéant, faire bénéficier l’agent d’une assistance juridique, de la prise en charge des frais d’avocat et des frais de procédure, s’il souhaite poursuivre l’auteur des faits en justice aux fins d’obtenir réparation de son préjudice et la condamnation de l’auteur des agissements.
- La procédure d’alerte
Elle consiste pour un agent à signaler à l’administration toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie et sa santé. Le CHSCT compétent est également informé. L’alerte se fait sur un registre spécial tenu sous la responsabilité du chef de service.
- Le droit de retrait
C’est le droit que peut exercer un agent qui estime avoir un motif raisonnable de penser qu’il est exposé à un danger grave et imminent menaçant sa vie ou sa santé. Pour l’exercer, il faut en avertir son supérieur hiérarchique, et consigner sa situation de retrait dans un registre spécifique. L’administration doit alors prendre des dispositions (enquête, saisine du CHSCT) afin de permettre une reprise du travail dans des conditions de sécurité.
Par ailleurs la victime dispose d’interlocuteurs qui peuvent l’aider, certains de création récente :
– Le CHSCT (qui n’est pas une instance de syndicalistes exclusivement) sur lequel pèse des obligations de prévention et de réaction (danger grave etc.) ;
– Le médecin de prévention ;
– L’inspecteur de santé et sécurité du travail (ISST) ;
– Les assistants de prévention ;
– Les assistants de service social ;
– Les psychologues ;
– Le médiateur ;
– Le référent déontologue + 1 référent spécifique à terme sur les questions de harcèlement, qui coiffe une cellule d’écoute.
– Les représentants du personnel.
Enfin, il est possible de saisir le juge : le juge administratif contre l’employeur qui a failli à son obligation de protection et/ou le juge pénal contre l’auteur de l’infraction.