Invitée par l’association “solidarité Tripode” et par l’intersyndicale du Tripode dont elle est membre, la CFDT du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a répondu tout de suite présente pour participer à la réunion conviviale et commémorative, organisée à Nantes ce 27 février, à l’occasion de l’anniversaire des 20 ans de l’implosion de la tour dite du « Tripode ».
- Un long combat vieux de près d’un demi-siècle
Pour mémoire, il s’agit d’une longue lutte intersyndicale pour faire reconnaître le préjudice subi par les quelque 1 800 amiantés du bâtiment administratif du Tripode, agents de l’Insee, du Trésor public et du ministère des Affaires étrangères, tous exposés à l’amiante, entre 1972 et 1993, dans les 18 étages de cette tour de l’île de Nantes, évacuée grâce à la mobilisation des personnels, puis désamiantée et finalement démolie en 2005.
Une mobilisation qui n’a jamais cessé d’exister
Si, dès les années 1970, le thème de l’amiante s’impose parmi le personnel et les syndicats comme un sujet de préoccupation et est abordé régulièrement dans les comités techniques paritaires (CTP) et les conseils de gestion du bâtiment, celui-ci demeure néanmoins un enjeu modéré de mobilisation et sans qu’une réelle unité syndicale ne se dégage sur cette question.
Néanmoins, dans les années 1980, avec la dégradation rapide du bâti, les positions finissent par converger parmi les organisations syndicales pour dénoncer le danger de l’amiante et exiger la réfection des plafonds où se concentrent les flocages d’amiante. Dès lors, la pression intersyndicale ira crescendo et bénéficiera de la création d’un comité d’hygiène et de sécurité (CHS) départemental inter-administration aux prérogatives plus étendues.
La bataille intersyndicale n’est pas terminée
Ainsi confrontés à l’amiante (ce sont finalement près de 350 tonnes d’amiante qui seront retirées du bâtiment juste avant sa destruction), ces agents publics, à l’espérance de vie raccourcie de 2 à 6 ans, décident d’unir leur force et leurs savoirs collectifs pour faire reconnaître leur exposition à ce cancérigène et l’origine professionnelle de leur maladie. C’est ainsi que plus de 45 maladies sont aujourd’hui reconnues par l’administration comme imputables à l’exposition à l’amiante comme les cancers broncho-pulmonaires, des ovaires, du larynx et de la plèvre, le redouté mésothéliome pleural ainsi que l’asbestose appelée également amiantose.
Et malgré les victoires acquises, outre l’évacuation du bâtiment amianté Tripode en 1992-93 qui a débuté 5 ans avant l’interdiction officielle de l’amiante en France, telles que le suivi médical par scanner, la réalisation d’une étude épidémiologique sérieuse, l’imputabilité des maladies à l’exposition à l’amiante, la reconnaissance et l’indemnisation du préjudice d’anxiété, la bataille intersyndicale est loin d’être terminée.
- Des militants exemplaires salués par la CFDT-MAE
La CFDT-MAE représentée par son secrétaire général, Thierry Franquin et par Carole Barbier, secrétaire générale adjointe et secrétaire de la section nantaise, ont souhaité remercier et apporter leur soutien à deux figures emblématiques de cette lutte : Francis Judas, trésorier de l’association “solidarité Tripode” et ancien agent de l’INSEE et Gervaise Delaunay, jeune retraitée nantaise du MEAE, pour leur implication et leur engagement sans faille au sein du collectif. Ces deux militants qui siègent, par ailleurs, au comité semestriel de pilotage (COPIL) du Tripode des ministères de l’Économie et des Finances et de l’Europe et des Affaires étrangères : Francis en tant qu’expert pour la CGT et Gervaise comme représentante du personnel pour la CFDT-MAE.

Une intervention remarquée au 50 ans de la CFDT-MAE
A la pointe du combat depuis de très nombreuses années, Francis et Gervaise avaient eu la gentillesse, le 30 mai 2024, lors de la 1ère journée consacrée au 50ème anniversaire de la création de la CFDT au MEAE, d’accepter notre invitation à partager leur savoir et leur regard sur l’histoire de ce combat collectif, de manière passionnante et émouvante, au grand plaisir de la quarantaine de militants présents pour l’évènement. Tous deux avaient tenu à souligner le rôle plutôt bienveillant et facilitateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères sur ce dossier.
Un franc succès pour cette journée commémorative
C’est ainsi qu’une centaine de personnes s’est réunie, le jeudi 27 février 2025, salle Paul Bellamy à l’hôtel de ville de Nantes, afin de commémorer, jour pour jour, le 20ème anniversaire de la destruction de la tour ; un franc succès pour l’association “solidarité Tripode” qui a organisé la rencontre et mobilisé tous les militants et anciens du Tripode.
Des interventions de grande qualité…
L’intervention de la représentante de la mairie de Nantes, qui accueillait cette rencontre, a permis de mettre en relief l’importance de la lutte des “Tripode” dans le cadre de la santé au travail et les prises de parole des organisateurs ont notamment porté sur les difficultés rencontrées pour la mise en œuvre d’une 4ème étude épidémiologique digne de ce nom, la reconnaissance et le suivi des maladies professionnelles et l’établissement de normes au niveau national et européen.
D’autres oratrices et orateurs se sont succédé à l’estrade pour parler du travail d’Addeva, l’association départementale de défense des victimes de l’amiante de Loire-Atlantique (44), du recensement et de l’exploitation des archives du Tripode par le Centre d’histoire du travail (CHT) et de l’étude de ce combat intersyndical par les historiens et les sociologues du collectif « 350 tonnes et des poussières ».
…suivies d’un moment de convivialité
Cette rencontre a permis ensuite des échanges cordiaux et fraternels entre anciennes et anciens du Tripode et tous leurs soutiens : responsables et militants syndicaux, associatifs, chercheurs, journalistes, dessinateurs et auteurs de la BD « les amiantés du Tripode » et également historiens et sociologues. Ils ont ainsi pu aborder ensemble, de manière conviviale, les 20 années passées depuis la démolition du Tripode, un moment fort particulièrement émouvant pour nos collègues, aujourd’hui très souvent retraités mais dont une partie d’entre eux sont encore en activité, à l’image de la petite soixantaine d’agents toujours en fonctions au MEAE (ces derniers bénéficient depuis 2015, après une intervention syndicale, de 5 jours de congés supplémentaires).
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Grâce à ses militants investis, et nous avons une pensée émue pour Claude Delarboulas, la CFDT-MAE suit depuis toujours le combat intersyndical et la mobilisation sans faille de ce collectif uni pour faire reconnaître le préjudice, les droits et les maladies professionnelles des anciens agents du Tripode, à la suite de leur exposition à l’amiante.
C’est l’histoire d’une solidarité exemplaire entre tous les amiantés du Tripode et d’une action collective de lutte et de soutien, déterminée, patiente et obstinée, face à l’indifférence d’un État employeur.
C’est aussi une formidable aventure humaine que les responsables de l’association « Solidarité Tripode » souhaitent voir reconnue et valorisée plutôt que de mettre en avant une vision uniquement morbide et tragique de toutes ces années de lutte. Un collectif dont la force s’est notamment traduite par sa capacité à faire évoluer les mentalités et les textes normatifs sur l’amiante, en particulier pour la fonction publique. Et c’est bien dans cet esprit-là que l’association Solidarité Tripode participera aux festivités prévues dans le cadre du 60ème anniversaire de l’implantation du MEAE à Nantes.