On se souvient que le Quai d’Orsay avait eu les honneurs de la presse (Le “Canard enchaîné” – 19/09/2012) lorsque Laurent Fabius avait fait exposer près de son bureau neuf toiles impressionnistes prêtées par le Musée d’Orsay, pour un montant évalué par le palmipède à 85.000 euros.
La CFDT-MAE, charitable, n’avait pas réagi, se refusant à hurler avec les loups… Or le discours prononcé par le secrétaire général du MAE, le 16 janvier 2013, remet le couvert :
« Monsieur le ministre,
Vous nous avez gratifié (sic) pendant quelques mois d’un accrochage de quelques toiles prêtées par le musée d’Orsay. J’y ai vu pour ma part, une triple allégorie de la diplomatie. D’abord parce que cette peinture de la fin du second Empire et des débuts de la IIIème République est à la fois ancrée dans son époque, celle de ce bâtiment lui-même, et précurseur des évolutions à venir. La diplomatie doit elle aussi “être de son temps”, comme disait Manet, et ouvrir des éclairs sur l’avenir.
Ensuite, l’unité de style et la présence de quelques peintres parisiens mais venus d’ailleurs, témoignaient d’une tradition de l’art français qui peut également inspirer notre diplomatie : la fidélité à notre génie propre tout en pratiquant le tamisage et l’assimilation sélective. Enfin, ces années de la fin du XIXème siècle ont été l’un des plus grands moments de foisonnement, d’embellie, de rayonnement de l’art français. Efforçons nous d’en retrouver l’élan dans notre action diplomatique d’aujourd’hui, c’est le voeu que je formule pour elle. Très bonne année à tous.”
Le sujet, qui n’est donc pas tabou, fournit même l’occasion au chef de notre administration de tresser des couronnes au ministre et d’ouvrir des éclairs sur l’avenir ! Au risque de décevoir les esthètes, ces métaphores ne sont pas du goût de la CFDT. L’accrochage de ces toiles pour le plaisir du ministre était une initiative onéreuse et limite indécente, en ces temps de disette budgétaire et en comparaison des sacrifices demandés au personnel du MAE et de la déflation rapide de ses crédits de fonctionnement.
Lire l’article paru sur le site du Grand Rouen.