Comme lors de chaque comité technique ministériel, le ministre est venu présider pendant 90 minutes la séance du 13 mai 2015. Son intervention a porté essentiellement sur le chantier MAEDI 21 et son corollaire, la gestion prévisionnelle des carrières et des compétences..
Lors du traditionnel tour de table des organisations syndicales, la CFDT a esquissé les grandes lignes de sa contribution à l’exercice MAEDI 21, qui s’articulent autour des notions de service public de qualité, de bien-être professionnel et d’exemplarité. Nous remercions les adhérents qui ont participé à l’élaboration de cette contribution : ils retrouveront certainement, dans le texte ci-dessous, les idées qu’ils ont apportées !
Monsieur le Ministre,
L’administration nous a proposé de participer à une vaste réflexion sur le MAEDI du 21ème siècle, basée sur le diagnostic d’un monde en changement qui nous pousse à évoluer. Alors allons-y Monsieur le Ministre, relevons le défi, faisons le pari d’une réflexion ambitieuse, concrète, qui place les agents au cœur de la réforme. La CFDT y est prête. Nous avons mobilisé nos adhérents pour élaborer la contribution de la CFDT à cet exercice et je voudrais vous en livrer ici les principales conclusions.
Au préalable, une inquiétude que nous tenons à vous manifester : tout comme la RGPP et la MAP, la réflexion menée autour du MAEDI du 21ème siècle est guidée par la rigueur budgétaire : nous devrions adapter nos méthodes de travail pour faire face à la rareté des emplois. De notre point de vue, l’exercice MAEDI du 21ème siècle n’a de sens que si l’on met un terme à la baisse de ses moyens et notamment à la déflation des effectifs.
Autre sujet de préoccupation, l’idée que les progrès informatiques nous permettront de résoudre les problèmes liés à ces suppressions d’emplois. Le constat de nos outils actuels est alarmant : alors que le projet Diplomatie a consommé l’essentiel des ressources de la DSI, TES et Biodev ne sont pas compatibles avec Windows 7. Evitons les fausses bonnes idées, comme la valise Itinera dont personne ne se souviendra dans 20 ans, à part ceux qui l’ont portée !
L’exercice MAEDI du 21ème siècle suppose donc une réflexion sur l’adéquation entre les missions et les moyens qui reste à mener pour le réseau diplomatique et pour le réseau culturel et de coopération.
La réflexion de la CFDT sur le MAEDI du 21ème siècle s’appuie sur la défense d’un service public de qualité : service public diplomatique, service public consulaire au service de nos concitoyens, service public culturel et de coopération.
L’efficacité du service public suppose le bien-être professionnel des agents, une bonne utilisation de leurs compétences grâce à la gestion prévisionnelle des carrières et des compétences et l’exemplarité / l’éthique de notre administration.
Vous verrez que si des idées nouvelles émergent naturellement, d’autres au contraire sont des revendications anciennes de la CFDT, dont nous espérons qu’elles trouveront un écho.
Bien être professionnel
Le bien être professionnel des agents requiert de disposer de ressources adaptées. Je l’ai dit plus tôt, cela suppose que nous ne perdions plus d’emplois mais aussi que nous récupérions ceux que nous avons perdus, comme par exemple ceux de la sous-direction des Visas à Nantes.
Les méthodes de travail sont un point central du bien-être professionnel. Elles permettent de préserver l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale et nous en discutons avec l’administration autour du projet de Charte du temps, que nous voulons ambitieux. Un changement de culture est nécessaire à l’administration centrale, pour améliorer les processus de validation, responsabiliser l’encadrement, mettre fin au présentéisme, maîtriser les risques liés à l’utilisation des outils de mobilité.
A l’étranger, il faut maintenant avancer sur l’encadrement des permanences, astreintes, interventions et heures supplémentaires effectuées par les agents expatriés et sur l’élaboration d’un cadre négocié sur le temps de travail des recrutés locaux.
Parmi ces méthodes de travail, j’inclus l’organisation de la DRH qui doit pouvoir compter sur des agents formés à la gestion des ressources humaines. La CFDT demande que la DRH gère tous les personnels du MAEDI, des recrutés locaux aux ministres plénipotentiaires, y compris les agents du réseau culturel et de coopération. Une DRH plus professionnelle, ce sera une DRH plus indépendante qui sera en capacité de faire des choix dans l’intérêt général et pourra s’affranchir des multiples pressions qui s’exercent sur elle.
Le bien être professionnel passe bien entendu par l’environnement de travail et à cet égard, un site unique francilien permettrait d’assurer de vraies conditions de sécurité. Il se traduirait par des économies de temps et de déplacement et permettrait d’offrir à l’ensemble des agents de meilleures prestations : restauration, dispensaire mieux équipé, éventail de formations, salles de réunion, et des services nouveaux pourraient être envisagés : crèche, salle de sport…
De même, l’environnement professionnel doit être tel qu’il permet aux agents de se loger, notamment en famille, et notamment pour nos collègues de catégorie C. Le transfert d’emplois à Nantes doit pouvoir répondre à cet objectif.
GPEEC
S’agissant de la gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences, le premier impératif est d’organiser un recrutement qui réponde aux besoins du MAEDI. Alors que le système actuel génère de nombreuses frustrations, un tel recrutement permettra aux agents de se sentir à leur place, sur des missions qui valorisent leurs compétences, avec des perspectives d’évolution et de promotion. La CFDT a identifié que la carrière des SAE était, à cet égard, particulièrement critique et elle vous transmettra dans les prochains jours une proposition détaillée dont l’élément central sera la suppression du recrutement dans le corps des conseillers en externe et la formalisation de cadres d’emplois correspondant à la diversité des missions que les SAE doivent exercer.
Les recrutements par concours doivent être privilégiés, ce qui suppose la fin de la politique de détachement sur contrat et la transformation de ces emplois de contractuels en emplois de titulaires. La CFDT souhaite que le recours à l’emploi contractuel en CDD soit réellement limité aux postes pour lesquels il n’est vraiment pas possible de nommer un fonctionnaire. Elle demande aussi que les conditions d’emploi des recrutés locaux soient améliorées (harmonisation EAF-réseau diplomatique, protection sociale, coût-vie).
J’en viens au deuxième élément important de la GPEEC : le décloisonnement. S’il est nécessaire de conserver une dominante « métier » dans une carrière, tout agent titulaire devrait pouvoir exercer ses compétences dans d’autres domaines ; politique, consulaire, gestion, développement, action culturelle, économie, promotion du savoir-faire français… sachant que cette mobilité fonctionnelle n’a de sens que si elle est organisée et préparée par la formation.
La CFDT demande qu’une réflexion sur les parcours professionnels soit menée sur la filière SIC (fusion avec les corps SCH et SAE et création d’un cadre SIC) et sur les missions confiées aux agents de catégorie C à l’étranger et B à l’administration centrale. Un effort s’impose également pour renforcer l’accès aux postes du réseau culturel et de coopération par des fonctionnaires de catégorie B et A du Département.
La formation est un élément central dans la carrière et il est nécessaire d’améliorer l’efficacité de nos outils (IFAAC, IDC). La CFDT propose que l’évaluation des agents, notamment par le biais de l’application FANEV, se fonde sur des compétences objectives (réactivité, sens de la communication, ouverture, disponibilité, maîtrise des langues, précision, capacités d’analyse, rédaction …). Seul un tel système permettra de briser les effets de castes liés aux diplômes et aux amitiés de corps.
Exemplarité
Par ailleurs, l’exemplarité nous semble être un fil rouge qui doit guider l’action du Département. La CFDT est convaincue que le respect de la déontologie par tous, et notamment par les agents d’encadrement, permettra d’éviter les situations de souffrance au travail, trop fréquentes aujourd’hui. A cet égard aucune dérive ne sera tolérée. Comme l’avait proposé la CFDT en 2008, la création d’un médiateur indépendant permettrait une meilleure prise en charge des situations de souffrance au travail.
L’exemplarité implique aussi le respect du dialogue social, les garanties accordées aux recrutés locaux en matière de droit syndical, la non-discrimination, en matière environnementale, l’amélioration de la performance énergétique de nos bâtiments, au moins en administration centrale.
L’exemplarité exige enfin que l’administration assure correctement sa tutelle des EPIC qui concourent à l’action extérieure, notamment dans les domaines de la culture et de la coopération. Cette capacité à assurer cette tutelle passe par la mise en place de formations adaptées, la mise en place d’un programme spécifique d’échanges de fonctionnaires, l’accueil de personnels ayant acquis une bonne connaissance des différents réseaux du MAEDI, des missions et pratiques des opérateurs et de leurs limites et la possibilité de définir et de mettre en œuvre des projets innovants que les opérateurs ne sont pas en mesure de réaliser.
L’exemplarité exige enfin que l’administration assure correctement sa tutelle sur les EPIC qui concourent à l’action extérieure, notamment dans les domaines de la culture et de la coopération. Cette capacité à assurer cette tutelle passe par la mise en place de formations adaptées, la mise en place d’un programme spécifique d’échanges de fonctionnaires, l’accueil de personnels ayant acquis une bonne connaissance des différents réseaux du MAEDI, des missions et pratiques des opérateurs et de leurs limites et la possibilité de définir et de mettre en œuvre des projets innovants que les opérateurs ne sont pas en mesure de réaliser.
Monsieur le Ministre, le chantier est ambitieux mais nous devons absolument nous emparer des enjeux que j’ai évoqués, car seule la réalisation de ces objectifs permettra une pleine adhésion des agents au MAEDI du 21ème siècle, qui sans eux n’existera pas.