1884 : Le syndicalisme autorisé en France
La loi du 21 mars 1884 autorise les syndicats ou associations professionnelles à se constituer librement. Des syndicats vont se créer. Certains d’entre eux vont donner naissance, en 1895, à la CGT.
Les repères du droit français
Le syndicat est une organisation au caractère plus spécifique que l’association et qui a été légalisée par la loi du 21 mars 1884. Cette loi a, en effet, aboli la loi Le Chapelier de 1791 qui avait interdit la concertation des gens d’une même profession en vue de débattre “de leurs prétendus intérêts communs”. Marqué longtemps par la seule activité revendicative avec la grève comme arme essentielle, le syndicalisme a acquis un droit de représentation d’une profession tout entière, ce qui l’a conduit à rechercher de plus en plus la voie de la négociation et de la participation à l’organisation du travail et des rémunérations (conventions collectives). Il est vrai que le préambule de la Constitution de 1946 repris par celle de 1958 a reconnu le droit à “tout homme de défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale et d’adhérer au syndicat de son choix”.
1906 : Congrès d’Amiens de la CGT
Un texte important traite des rapports entre les syndicats et les partis politiques : La Charte d’Amiens. Cette Charte peut être considérée comme l’acte de majorité du syndicalisme …. « Le Congrès confédéral d’Amiens confirme l’article 2 constitutif de la CGT : la CGT regroupe en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat » …. … « en ce qui concerne les individus, le Congrès affirme l’entière liberté, pour le syndiqué, de participer en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu’il professe au-dehors »… Ce Congrès fera passer la CGT de l’anarcho-syndicalisme au syndicalisme révolutionnaire tout en réaffirmant l’indépendance syndicale par rapport au parti.
1919 : naissance de la CFTC
La Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) voit le jour en novembre. S’inspirant de la doctrine sociale de l’Eglise, elle s’organise sur des bases de solidarité et de défense des intérêts des travailleurs contre le libéralisme économique.
1921 : Congrès de Lille
La scission se produit dans le mouvement syndical. La CGT lors de son Congrès confirme la charte d’Amiens. La question de l’adhésion à l’Internationale Syndicale Rouge créée par les révolutionnaires Russes en liaison avec la IIIème Internationale Communiste, provoque l’éclatement de la CGT.
1922 : Première scission de la CGT
Après la création du Parti Communiste français en 1920, les communistes se retrouvent minoritaires à la CGT. Ils créent la CGTU en 1922.
1919 à 1939 : Les premières années de la CFTC
Rattachée à la doctrine sociale de l’église catholique, la première CFTC se constitue essentiellement autour d’organisations professionnelles d’employés auxquelles vont bientôt se joindre des jeunes ouvriers et des enseignants.
1926 : Congrès de la CGT – La charte de Lyon
« il affirme que les efforts du prolétariat doivent tendre, non seulement à renverser le régime actuel, mais encore à rendre impossible la prise du pouvoir et son exercice par tous les partis politiques qui s’en disputent âprement la possession. C’est ainsi que le syndicalisme doit savoir profiter de toutes les tentatives faites par les partis, pour s’emparer du pouvoir, pour jouer lui-même son rôle décisif qui consiste à détruire ce pouvoir et à lui substituer un ordre social reposant sur l’organisation de la production de l’échange et de la répartition, dont le fonctionnement sera assuré par le jeu des rouages syndicaux à tous les degrés. »
1936 : La Charte de Toulouse
La démocratie syndicale assure à chaque syndiqué la garantie qu’il peut à l’intérieur du syndicat défendre librement son point de vue sur toutes les questions intéressant la vie et le développement de l’organisation. Réunification de la CGT et le Front Populaire CGT et CGTU se réunifient en 1936, dans l’élan qui conduira le Front populaire au gouvernement.
1936 : Le choix du Front Populaire
En mai 1936, la CFTC affirme lors de son congrès le bien-fondé des revendications des salariés et engage ses adhérents à participer au mouvement. La CFTC double ses effectifs de 200 000 début 1936, le nombre d’adhérents atteint 400 000 fin 1938. De nouveaux militants issus de la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) apportent du sang neuf. L’adhésion du SGEN (Syndicat Général de l’Éducation Nationale) sans référence chrétienne dans ses statuts, est un vecteur de changements ultérieurs.
1940 : De l’interdiction à la résistance
Le syndicalisme confédéré est interdit par le régime de Vichy : CFTC et CGT sont dissoutes. De nombreux syndicalistes chrétiens vont entrer dans les réseaux de résistance. La CFTC subit des transformations au cours de cette guerre. En 1944, est créée la Confédération générale des cadres (CGC).
1940-1944 : La CFTC dans la Résistance
En 1940, le gouvernement de Vichy décide de la dissolution des confédérations syndicales. Les trois principaux dirigeants de la CFTC, avec neuf homologues CGT publient « le manifeste des douze » le 15 novembre 1940, première expression de la résistance syndicale. De nombreux responsables et militants CFTC participent à la Résistance. Gaston Tessier, premier secrétaire général de la CFTC en 1919, est membre du CNR (Conseil national de la résistance). Un comité d’entente CGT-CFTC lance, en août 1944, l’ordre de grève générale insurrectionnelle et participe à la Libération.
Au sortir de la guerre la CFTC est reconnue comme une organisation représentative aux côtés de la CGT.
1945 : La Sécurité Sociale
Création en 1945 par des militants « confédérés » de la « vieille » CGT (à ne pas confondre avec les « unitaires » liés au Parti Communiste), la Sécurité Sociale est le modèle et le symbole du syndicalisme.
1948 : Nouvelle scission à la CGT
La guerre froide entre l’Est et l’Ouest et le plan Marshall de 1947 rejaillissent dans la CGT dirigée par les communistes. La minorité Force Ouvrière crée la CGT-FO en 1948. La FSM puis la CISL (Confédération internationale des syndicats libres) sont créées.
1958-1962 : Le syndicalisme démocratique et la guerre d’Algérie
Dès 1955, lorsque l’état d’urgence en Algérie est voté, la CFTC affirme son soutien au peuple algérien. En 1958 la CFTC rappelle le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, elle se prononce pour l’autodétermination et pour la paix en Algérie ainsi que contre toute atteinte à la démocratie en métropole. A partir de 1960, elle noue des liens avec l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) afin de l’assister dans son combat pour l’indépendance.
Cela conduit à une prise de conscience majeure : le syndicalisme ne peut se désintéresser de la politique dès lors que la démocratie et les droits de l’homme sont en danger ; leur respect est la condition de l’existence d’un syndicalisme indépendant.
1964 : la CFTC devient CFDT
L’évolution vers un syndicalisme laïc se concrétise : le 6 novembre, la CFTC devient la Confédération française démocratique du travail (CFDT) avec 70 % des mandats. L’actuelle CFTC est issue de la minorité ayant refusé ce résultat démocratique. La CFDT passe un accord d’unité d’action avec la CGT en 1966 puis à nouveau en 1970.
1968 : la CFDT obtient la reconnaissance des sections syndicales d’entreprise
Comparant son combat pour la démocratie à celui des salariés en entreprise, la CFDT soutient dès le 6 mai la grève étudiante. Elle obtient la reconnaissance du syndicalisme d’entreprise lors des négociations de Grenelle. Une conquête fondamentale puisqu’elle est à l’origine de la création des sections syndicales d’entreprise. C’est la première fois que le syndicalisme est reconnu dans l’entreprise.
1970 : L’autogestion comme alternative
Le congrès de 1970 met en place de nouveaux statuts et propose une alternative à la société capitaliste : l’autogestion des entreprises. Edmond Maire est élu secrétaire général en 1971. Il le restera jusqu’en 1988. La CFDT adhère en 1974 à la Confédération européenne des syndicats (CES) créée en 1973 et à la Confédération internationales des syndicats libres (CISL) en 1988
1974 : la CFDT adhère à la Confédération européenne des syndicats (CES)
Soucieuse de participer efficacement à la consolidation de la paix, la CFTC se prononce dès les années 50 pour la réalisation d’une Europe unie. La Confédération européenne des syndicats, outil de l’action syndicale au niveau européen, est créée en 1973.
1979 : la CFDT défend son autonomie d’action et de décision (« le recentrage »)
La CFDT se recentre sur sa mission d’organisation syndicale pour mieux faire face aux mutations de la société : mondialisation, modification de l’appareil productif, restructurations et forte progression du chômage.
1981 : La CFDT face à la gauche au pouvoir
À l’arrivée au pouvoir de la gauche, la CFDT veut faire aboutir rapidement ses revendications prioritaires : réduction de la durée du travail, lutte contre les inégalités de salaires et de pouvoir d’achat, droits nouveaux accordés aux salariés, élaboration d’un plan.
1982 : la CFDT contribue à l’élaboration des lois Auroux sur le dialogue social
Inspirées des propositions de la CFDT, les lois Auroux représentent des avancées significatives pour la défense des droits des salariés et modifient fortement le droit du travail (interdiction de toute discrimination ; obligation de négocier des accords collectifs sur les salaires, sur la durée et l’organisation du travail, sur l’égalité hommes-femmes ; développement des institutions représentatives du personnel et création d’un droit d’expression des salariés sur les conditions de travail ; création du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail – CHSCT).
1988 : Pour un syndicalisme d’adhérents
Le congrès CFDT de 1988 met l’accent sur le syndicalisme d’adhérents et sur l’adaptation du syndicalisme face aux mutations économiques et sociales.
1992 : Une femme à la tête de la CFDT
Nicole Notat est élue secrétaire générale. La CFDT souligne l’indispensable régulation de l’économie de marché : notre syndicalisme confédéré doit privilégier la négociation. L’un des axes de sa stratégie concerne la réduction du temps de travail négociée.
1995 : la CFDT soutient la réforme de la Sécurité sociale
En 1995, la CFDT soutient la réforme de l’assurance maladie qui maintient la logique d’un système solidaire par une meilleure maîtrise du système de soins et un élargissement de son financement à tous les revenus.
1997 : la CFDT négocie les 35 heures
Revendication phare de la CFDT, la question de la réduction du temps de travail est débattue. La CFDT engage des négociations avec le gouvernement Jospin pour que les 35 heures soient synonymes de création de nouveaux emplois.
1998 : Clarifier la conception du syndicalisme CFDT
Ce congrès est essentiel puisqu’il a permis de clarifier la conception du syndicalisme CFDT : un syndicalisme confédéré qui fait le choix de l’adaptation, de la négociation, de la lutte contre l’exclusion et pour l’emploi, d’une mondialisation ordonnée et solidaire. C’est aussi le dernier congrès de Nicole Notat, remplacée à la tête de l’organisation par François Chérèque, ancien secrétaire général de la fédération Santé-sociaux.
2002 : 45ème congrès de la CFDT
Réunis à Nantes du 27 au 31 mai, plus de 1 600 délégués font vivre le 45ème congrès de la CFDT. Avec 78,51 % des mandats, le rapport d’activité est adopté par la plus large majorité de toute l’histoire de la CFDT. Plein emploi, travail de qualité, protection sociale, fonctions publiques et développement syndical sont les cinq thèmes des résolutions approuvées par les congressistes avec des pourcentages oscillant entre 70 % et 90 %.
2003 : la CFDT obtient le dispositif « carrières longues » dans la réforme des retraites
La CFDT participe à la concertation sur les retraites et obtient le dispositif “carrières longues”. Cet accord a permis a plus de 600 000 salariés ayant commencé à travailler tôt de partir à la retraite avant 60 ans.
2006 : Congrès de Grenoble
Une fois de plus le congrès réaffirme l’importance de la démocratie en France, la nécessité de corps intermédiaires plus forts, d’acteurs engagés dans les réformes.
2006 : la CFDT s’oppose au Contrat première embauche (CPE)
En 2006, la CFDT s’oppose vivement au « Contrat première embauche » (CPE) soumis par le gouvernement Villepin. Pour elle, c’est une réponse inadaptée à une vraie question, celle de l’insertion des jeunes. Son implication dans ce mouvement unitaire est un des éléments majeurs qui ont fait reculer le pouvoir exécutif et retirer le projet. Une de conséquences en est l’adoption l’année suivante de d’une loi de « modernisation du dialogue social » qui reprend la revendication CFDT d’une négociation interprofessionnelle préalable aux modifications du Code du travail.
2008-2010 : Sécuriser les parcours professionnels
- Plus de flexibilité, plus de mobilité, multiplication des contrats de travail et carrières, les salariés sont confrontés à un marché du travail en mutation qui fragilise leurs droits.
- En 2008, la CFDT obtient de nouvelles garanties au travers de l’Accord de Modernisation du marché du travail : droit à la mutuelle d’entreprise ou à la formation deviennent transférables après un licenciement.
- En 2008, la CFDT signe une déclaration commune relative à la représentativité syndicale avec la CGT, le MEDEF et la CGPME. Dorénavant, la représentativité des syndicats repose sur le vote des salariés dans les entreprises.
- En 2009, la CFDT signe l’accord sur l’assurance chômage qui garantit plus de droits aux salariés, en particulier aux plus précaires.
- Congrès de Tours.
2008 : la CFDT signe l’accord Modernisation du marché du travail
La CFDT obtient de nouvelles garanties pour sécuriser les parcours professionnels : certains droits comme le droit à la mutuelle d’entreprise ou à la formation deviennent transférables après un licenciement.
2010 : la CFDT se mobilise contre la réforme des retraites
La CFDT lutte contre les inégalités de la réforme qui reporte l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans et durcit les conditions du dispositif “carrières longues”.
2012 : Assemblée générale des syndicats
François Chérèque quitte son mandat de secrétaire général et est remplacé par Laurent Berger.
2013 : La CFDT signe l’accord “sécurisation de l’emploi”
La CFDT obtient, notamment, la création du CPF (compte personnel de formation) qui permet au salarié•es de se former tout au long de leur vie professionnelle, y compris en changeant d’entreprise.
2014 : Congrès de Marseille
Laurent Berger est réélu secrétaire général.
2016 : Complémentaire santé obligatoire dans le privé, prise en charge au minimum à 50% par l’employeur
Au 1er janvier 2016 est entrée en vigueur cette mesure de l’accord de 2013 qui a permis :
– un meilleur accès aux soins pour les salarié(e)s,
– des prestations de soins plus avantageuses grâce au contrat collectif négocié,
– la possibilité de progresser professionnellement en changeant d’entreprise, sans craindre de perdre sa couverture santé.
2017 : La CFDT 1ère dans le privé !
A l’issue du deuxième cycle de représentativité, la CFDT devient 1ère organisation syndicale des salariés du privé.
2018 : La CFDT devient le premier syndicat français – Congrès de Rennes
A la suite des différentes élections professionnelles, la CFDT, déjà premier syndicat par le nombre d’adhérents et premier syndicat du secteur privé depuis 2017, devient le syndicat le plus représentatif de l’ensemble public et privé, récompensant presque à l’année près, 100 ans de syndicalisme.
2020 : La CFDT aux côtés des travailleurs et travailleuses pendant la crise du Covid
Dans un contexte de crise mondiale inédite, confinement ou non, la CFDT reste mobilisée pour accompagner les travailleurs et travailleuses, et porter ses revendications pour que personne ne reste sur le bord de la route dans cette période complexe. La CFDT réagit très rapidement et obtient des mesures pour protéger les travailleurs et travailleuses sur leur lieu de travail, pour préserver leur emploi et maintenir leur rémunération.
2021 : Allongement du congé paternité à 28 jours
Cette revendication historique de la CFDT est une avancée sociale majeure pour toutes les formes de parentalité. L’enjeu de l’égalité entre les femmes et les hommes passe par une meilleure coparentalité, une meilleure répartition des tâches, et une meilleure reconnaissance, dans la société comme dans les entreprises, de la responsabilité et de l’engagement des pères.
2022 : La CFDT obtient l’extension de la complémentaire santé
La CFDT obtient l’extension de la complémentaire santé obligatoire aux trois versants de la fonction publique : État, territoriale et hospitalière.
2023 : « 64 ans, c’est non ! » La CFDT s’oppose à la réforme des retraites
La CFDT s’oppose au recul de l’âge légal de départ en retraite qui est une réforme injuste, injustifiée et brutale. Une mobilisation sans précédent fait descendre des millions de Français et de Françaises dans la rue pendant les 14 manifestations. Malgré tout, le gouvernement reste sourd à la mobilisation nationale et fait passer en force sa réforme. La CFDT a cependant réussi à arracher certaines avancées dont l’augmentation du minimum contributif, l’amélioration de la prise en compte de la pénibilité, le maintien du dispositif « carrières longues » ou encore la mise en place de la retraite anticipée dans les fonctions publiques.
2023 : à nouveau une femme à la tête de la CFDT
Une nouvelle page de l’histoire de la CFDT s’est ouverte le 21 juin 2023 au Zénith de Paris. Devant 2 700 militants présents, et après onze années au poste de secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger a passé la main à Marylise Léon, nouvelle secrétaire générale.