Le conseil syndical CFDT-MAE a débattu et adopté le 11 mai dernier une proposition de refonte des parcours professionnels – concours, promotion interne, cadres d’emplois, mobilité -, qui sera partie intégrante de la contribution CFDT à l’exercice MAEDI 21 souhaité par le ministre.
Le système actuel génère des frustrations : les secrétaires des affaires étrangères (SAE) font le même travail que les conseillers des affaires étrangères (CAE) pendant les dix premières années de leur carrière, mais, à l’issue de cette période, ils n’ont pas accès aux fonctions de management et ils se heurtent à un « plafond de verre » pendant les trente années suivantes. Les CAE viennent grossir « l’armée mexicaine » dès leur recrutement et peuvent souvent plafonner durant la deuxième moitié de leur vie professionnelle, soit environ vingt ans. Des contradictions flagrantes existent entre l’exigence affichée de polyvalence et la survalorisation manifeste des fonctions politiques, au détriment notamment des compétences administratives et de coopération. Les agents de catégorie B et les agents contractuels issus de la Coopération n’ont pas facilement accès à des concours internes, trop académiques, qui ne tiennent pas compte des compétences professionnelles. Les femmes restent encore trop peu nombreuses au moment de passer les concours, et l’affirmation ultérieure de la parité par l’administration, lors des processus de promotion au choix, créent des tensions.
Des raisons systémiques expliquent cette situation : les déroulés de carrière initiales, tant pour les CAE que les SAE, qui ne facilitent pas les arbitrages entre vie personnelle et vie professionnelle, notamment pour les femmes ; la coopération, partie intégrante des métiers du MAEDI depuis trente ans, n’a toujours pas été prise en compte en tant que cadre d’emploi. Les concours externes et internes de SAE et CAE sont quasiment identiques et restent trop académiques, y compris les concours internes. Le concours CAE – Orient n’existe que pour affirmer les spécificités (langues, relations internationales et civilisations de zones) du métier de diplomate vis-à-vis des recrutés au sortir de l’ENA.
Afin de surmonter ces difficultés, la CFDT-MAE propose une clarification au service des spécificités et des besoins du MAEDI :
1- En agissant sur les cadres d’emploi et les concours de SAE :
- Formalisation de quatre cadres d’emploi : cadre d’administration, cadre de développement (coopération et économie), cadre général et cadre d’Orient,
- Introduction d’un nouveau concours de SAE – cadre de coopération et maintien de l’intégration directe au cadre d’administration au sortir des IRA,
- Adaptation des concours internes de SAE, élargis aux quatre cadres d’emploi, afin qu’ils soient moins académiques et plus professionnels (notamment pour les cadres administratif et de développement), donc plus incitatifs pour les agents de catégorie B et les contractuels de la coopération,
- Maintien des spécificités actuelles des concours externes du MAE pour les SAE (langues étrangères, diversité des matières, difficulté des épreuves, …),
- Formation initiale des SAE à l’IDC plus longue (un an) et structurée autour d’un enseignement professionnalisant, comprenant la formation consulaire,
- Règles d’accession au principalat inchangées (examen professionnel & promotion au choix).
2- En modifiant l’accès au corps de CAE et les règles de mobilité
- Suppression du concours externe de CAE Orient et suppression de l’intégration directe au grade de conseiller par voie d’ENA,
- Maintien du concours interne de CAE, élargi aux quatre cadres d’emploi et non plus au seul cadre d’Orient, moins académique et plus professionnel,
- Règles d’accession au grade de conseiller inchangées (concours interne & promotion au choix),
- Critères de mobilité (au minimum dans deux cadres d’emploi en plus du cadre d’origine) pris en compte dès le grade de SAE, tant pour l’accès aux fonctions de management que pour la promotion au grade de conseiller hors-classe.
La suppression de l’accès direct au grade de CAE permettra :
- L’adaptation des effectifs des corps de catégorie A, A+ et A++ aux postes d’encadrement et la facilitation de leur gestion dynamique,
- Des carrières plus linéaires, durant lesquelles la polyvalence, la compétence et les capacités managériales seront plus et mieux évaluées, donc réellement valorisées,
- La suppression de la dichotomie SAE / CAE en début de carrière, aussi artificielle que génératrice de frustrations,
- La possibilité de travailler plus en profondeur sur les concours externes et internes de SAE, afin qu’ils répondent mieux aux exigences et aux spécificités du MAE, notamment pour les langues étrangères, dites « rares ».
La refonte des concours externe et interne de SAE autorisera :
- L’affirmation des spécificités des concours du MAEDI (langues, civilisations de zone, relations internationales, …) comme base à une formation professionnelle à l’IDC, qui intégrerait la formation consulaire,
- L’élargissement des profils recrutés, tant en externe qu’en interne, pour enfin correspondre à l’ensemble des métiers du MAEDI,
- Des concours internes de SAE plus professionnels, donc plus incitatifs et ouverts pour les catégories B et pour les contractuels,
- La reconnaissance accrue des compétences spécifiques aux métiers de la coopération et la valorisation des cadres d’emploi administration et développement,
- L’arrêt progressif du recours abusif à des personnels précaires (CDD) pour effectuer des tâches et missions pérennes confiées au MAEDI, par la constitution progressive d’un véritable corps de SAE du cadre de développement
Il en résultera également une meilleure visibilité en termes de perspectives et de progression de carrière avec:
- Des candidates plus nombreuses au concours externe de SAE du fait de la possibilité pour nos collègues féminines d’arbitrer plus sereinement entre vie personnelle et vie professionnelle, notamment dans la première partie de leur carrière,
- La possibilité pour tous les SAE de se préparer progressivement à prendre des responsabilités toujours plus importantes (formation continue, sanction de l’examen professionnel SAEP ou du concours interne CAE, promotion),
La nécessité de réellement développer les champs de compétences (mobilité dans au moins deux cadres d’emploi en plus du cadre d’origine), au travers des alternances entre postes à l’étranger et administration centrale