Le 11 février au Quai d’Orsay et le 31 mars sur le site de Convention, la section CFDT-MAE de Paris a organisé une heure mensuelle d’information (HMI) sur le thème du harcèlement moral animée par Anne Colomb avec la collaboration de Denise Dariosecq, toutes deux spécialistes des problématiques liées aux risques psycho-sociaux et membres titulaires actifs des CHSCT ministériel et francilien.
L’audience à chaque fois nombreuse – constituée d’une trentaine de personnes – et aux profils variés, a permis de mettre en valeur tout l’intérêt que suscitait ce thème parmi le personnel du Département, confirmant ainsi les fréquents appels téléphoniques, reçus à la permanence syndicale parisienne, d’agents signalant être victimes d’un harcèlement moral.
Durant cette HMI, il a été possible d’aborder, en scindant utilement la séance en deux parties, l’ensemble des points essentiels que recouvre cette notion : définition, prévention et prise en charge de la situation d’une part, échanges et retours d’expérience avec les agents présents autour de la table, d’autre part.
De quoi parle-t-on ?
Le harcèlement moral fait partie des risques psycho-sociaux (RPS), risques sur lesquels la CFDT a beaucoup travaillé ces dernières années et en particulier depuis 2006. La notion de harcèlement est définie de manière très précise, et par conséquent, toute situation de souffrance au travail ne relève pas systématiquement d’un harcèlement moral. Il peut s’agir d’une mauvaise gestion des ressources humaines ou d’une violence managériale.
Le harcèlement moral consiste en des agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits et la dignité de celui qui le subit, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.
Dans la moitié des cas, le harcèlement est exercé par un supérieur hiérarchique sur un subordonné (harcèlement descendant). Plus rarement, il s’agit d’un harcèlement d’un collègue à l’encontre d’un autre, plus rarement encore, il s’agit d’un harcèlement ascendant (d’un subordonné à l’encontre d’un supérieur hiérarchique : 4 % des cas). Le harcèlement se manifeste notamment à l’occasion d’une réorganisation du service, d’un changement de supérieur hiérarchique, au retour d’un arrêt de travail ou à la suite d’un désaccord.
Existe-t-il un profil type de la victime ?
Contrairement à une opinion répandue, les victimes ne sont pas forcément des personnes fragiles : hommes ou femmes, jeunes agents, nouvellement promus ou anciens, personne n’est à l’abri d’agissements hostiles de ce type au sein de son organisation.
Existe-t-il un profil type de l’agresseur/harceleur ?
L’auteur des faits est souvent bien intégré dans l’organisation où il se sent suffisamment en confiance pour trouver des justifications à son action.
Qui contacter en cas de souffrance au travail ?
- La Direction des Ressources Humaines. Elle constitue souvent un premier point d’entrée ;
- L’inspecteur Santé, Sécurité au Travail (ISST) : En matière de RPS, il s’assure du traitement des situations de crise ; il veille à la mise en œuvre des mesures de prévention ;
- L’assistant de prévention et d’une manière générale l’ensemble des collègues de la délégation pour la politique sociale (DPS) à Paris ou à Nantes (conseillers techniques de service social, assistants sociaux) ;
- Les représentants des personnels ont une aide à apporter, en guidant l’agent dans ses démarches, en alertant la hiérarchie, en orientant vers le médecin de prévention et lorsque tout a échoué, en aidant la victime à saisir le juge ;
- Les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail sont les instances de dialogue social dédiées : il existe au ministère un CHSCT ministériel, compétent pour tous les services du ministère des affaires étrangères, un CHSCT pour les services franciliens, un CHSCT nantais et, dans les postes, le nouveau cadre du dialogue social a instauré des CTPE, compétents en matière d’hygiène et de sécurité ;
- Le médecin de prévention qui porte un diagnostic sur l’état de la victime, le conseille et l’oriente vers son médecin traitant et des spécialistes. Il peut en outre alerter l’administration sur la situation de la victime ;
- Le médecin traitant peut extraire sans délai la victime de la situation de travail dangereuse en lui délivrant un arrêt de travail ;
- Les psychologues de la DRH : ils ont un rôle d’alerte et de veille et peuvent être contactés à tout moment par les agents en souffrance, qui peuvent demander à conserver l’anonymat.
En conclusion, la victime de harcèlement doit rompre l’isolement dans lequel elle se trouve en se confiant à un collègue ou une personne de confiance et demander conseil auprès des personnes référentes du Ministère afin de ne pas laisser une situation irrémédiable s’installer.