Conformément à sa feuille de route en matière d’égalité professionnelle, le MAE a lancé en janvier 2013 une expérimentation « visant à améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie privée par la mise en place de nouvelles méthode s de travail». Les directions d’Afrique et de l’Océan Indien (DAOI) et des Nations unies et des organisations internationales (NUOI) se sont portées volontaires comme directions pilotes. Dans la fiche figurant au dossier de séance du comité technique ministériel (CTM) la DRH écrit que « le bilan de l’expérimentation est jugé dans l’ensemble positif».
Les experts désignés par l’administration, issus des deux directions expérimentatrices, font état devant le CTM de bonnes pratiques : par exemple, les sous-directeurs ont chacun un binôme et peuvent dorénavant prendre leurs congés… Mais ils laissent entendre que les mauvaises habitudes perdurent : réunions convoquées après 18 heures, commandes de dernière minute adressées par le cabinet du ministre, etc.
Pas d’expérimentation sérieuse sans indicateurs objectifs
La CFDT, qui est favorable par principe à l’expérimentation, rappelle cependant une évidence : toute expérimentation doit donner lieu à une évaluation en fonction d’indicateurs objectifs. Or il semble que l’expérimentation ne repose pour l’instant que sur le ressenti de l’encadrement intermédiaire, sans aucun élément chiffré. Qui badge parmi les rédacteurs et les chefs de bureaux ? Quelles sont les amplitudes horaire et hebdomadaire moyennes ? A combien s’élèvent les dépassements d’horaire par rapport à l’horaire légal – qui est, faut-il le rappeler de 35 heures – ? En d’autres termes de quelles mesures dispose-t-on concernant le travail effectif ?
Le DRH promet de travailler sur ces indicateurs, en utilisant le logiciel Sagha.
Un bilan intermédiaire peu encourageant
La CFDT relève dans la fiche préparée par la DRH que « l’instauration de bornes horaires de référence (9h00 – 19h30) pour la journée de travail est considérée comme positive bien qu’en pratique elle soit jugée, à ce stade, parfois difficilement conciliable avec la nature et le rythme des demandes que ces directions doivent traiter ». Faut-il comprendre que la journée de 10 h – et donc la semaine de 50 heures maximum – reste un objectif inatteignable dans les directions politiques du Quai d’Orsay ?
Nous nous étonnons également du constat contenu dans le document de séance, selon lequel « les formations spécifiques (conduite de réunion et gestion de la messagerie) n’ont pas pu être organisées en raison de la difficulté à mobiliser pendant un ou deux jours l’encadrement de ces deux directions ». A quoi bon se lancer dans pareille expérimentation si l’encadrement n’est pas prêt à lever le nez de son guidon pendant un jour ou deux pour s’interroger sur ses méthodes de travail ?
Nous rappelons que le plan de prévention des risques psycho-sociaux au MAE prévoit notamment la rédaction d’une charte de bon comportement entre le cabinet du ministre et les services. La CFDT attend de la DRH qu’elle concrétise cet engagement.
L’expérimentation jusqu’à quand ?
Plusieurs syndicats, dont la CFDT, la CGT et l’ASAM, estiment que cette expérimentation ne doit pas être prolongée indéfiniment et qu’elle doit déboucher sur des mesures concrètes, notamment sur la refonte des règlements intérieurs ARTT obsolètes.
Le DRH indique que l’expérimentation se poursuivra encore quelques mois et qu’elle sera étendue à la Direction des Amériques, dont la directrice avait présenté un rapport sur l’égalité professionnelle femmes-hommes et a été nommée « Haute représentante à la parité ». Le CTM du printemps 2014 sera saisi des conclusions de l’expérimentation.