Au moment de la disparition de la direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID) et de la création de la direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats (DGM), beaucoup d’agents compétents sur les secteurs de coopération confiés à l’Agence française de développement (AFD) sont partis, soit en poste, soit pour rejoindre soit leur administration d’origine, soit l’AFD, ou d’autres opérateurs français, des organisations internationales comme le FMI, la Banque Mondiale, l’UE, l’OCDE… La DGM a dû recruter des contractuels en CDD, dont un grand nombre a ainsi pu découvrir le MAE et… ses opérateurs.
N’ayant pas de fonds de dossier solides et devant rédiger au fil de l’actualité et de leurs propres découvertes des notes d’orientations et d’instructions, nombre de ces rédacteurs ont été contraints de téléphoner à leurs collègues de l’AFD pour actualiser leur dossier. Et voilà comment la tutelle sur l’AFD s’est exercée. De plus, comme tous les contractuels recrutés par la DGM sont ou étaient en CDD, sans aucune perspective au MAE, ils ont plutôt choisi de mettre à profit leur passage au MAE pour préparer un concours ou pour se constituer leur carnet d’adresses, avant de rebondir éventuellement à l’UE, à l’AFD, à la francophonie, pour les plus dynamiques.
Bref, la DGM est devenue un vivier de jeunes experts, encadrés souvent par des titulaires du ministère qui pensent tout autant à leur prochaine affectation qu’au secteur dont ils ont la charge et cela d’autant plus que la culture d’entreprise du MAE fait peu de cas de tout ce qui est culturel et coopération, tout du moins jusqu’à ce que la « diplomatie globale » et le « développement international » ne deviennent des priorités (théoriques à ce stade) affichées au sein du MAEDI. Les opérateurs, dont l’AFD, peuvent donc faire leur marché dans ce vivier.
Le MAEDI s’est ainsi mis dans un cercle vicieux qui lui interdit d’exercer correctement sa tutelle et rien n’a été fait pour retenir les compétences.
Cela ne veut pas dire que les agents actuellement chargés de la tutelle ne sont pas compétents, mais au bout de 4 ans, il doivent partir et les nouveaux arrivés sur ces postes mettent un à deux ans pour être pleinement opérationnels, à condition toutefois que cette opérationnalité toute neuve (et toute relative puisque l’action est confiée aux « opérateurs », par nature) ne soit pas largement contrariée par des subventions en baisse de la tutelle. A partir de ce constat la CFDT estime que le MAEDI doit :
- sortir de sa phobie du CDI et retenir les plus compétents en les cédéisant ou, de préférence, en ouvrant plus de postes aux concours internes, à condition de repenser la nature des épreuves et donc de créer par exemple un recrutement de SAE « développement », à plafond d’emploi constant ;
- cesser de sous-traiter des pans entiers de son activité à des personnels d’autres administrations, sans leur offrir de meilleures possibilités d’intégration. On peut aussi se demander en quoi un agrégé de physique-chimie est mieux préparé à travailler dans l’interculturel (coopération) qu’un secrétaire ou un conseiller des affaires étrangères ;
- inciter les titulaires du MAEDI à s’investir avec toute la volonté nécessairedans l’action culturelle, du développement et la coopération.